Ces propos interviennent quelques jours après la déclaration du président de la République. Pour l'ex-secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, la légitimité révolutionnaire est un sujet dépassé depuis l'ouverture démocratique au lendemain des événements d'Octobre 1988. «La légitimité historique a cessé d'exister juridiquement depuis 1989 avec l'ouverture du pluralisme politique» a déclaré l'ex-secrétaire général du vieux parti, ajoutant que «ce sont les mentalités qu'il faut changer». Une façon pour M.Mehri de préciser que la question, au-delà de l'effet médiatique qu'elle a soulevé, est amplement dépassée. Ces propos de M. Mehri interviennent quelques jours après la vague de réactions «positives» soulevée par la déclaration du président de la République, il y a quatre jours, au Palais des nations. Le président de la République a affirmé mercredi dernier, dans une allocution prononcée lors de l'ouverture des travaux du 10e congrès de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) que la légitimité révolutionnaire dans l'exercice du pouvoir est révolue et il faut passer le relais à d'autres. Le chef de l'Etat a précisé qu'«il est temps de lever la tutelle sur la souveraineté du peuple», soulignant que «la période de la légitimité révolutionnaire en Algérie qui a duré 50 ans, est suffisante pour rendre la souveraineté au peuple». Cette déclaration du chef de l'Etat interprétée comme «étant révolutionnaire en elle-même» a été reprise dans presque toutes les unes de la presse nationale. Par ailleurs, le signataire du contrat de Rome a refusé toute déclaration au sujet de l'amnistie générale et de la concorde nationale évoquées par le chef de l'Etat depuis sa réélection pour un second mandat en avril 2004. «C'est un sujet trop sensible pour qu'il soit abordé et traité de façon lapidaire. Il (le sujet Ndlr) nécessite un débat de fond sérieux», a souligné Abdelhamid Mehri, rencontré en marge de la journée de témoignage organisée à la mémoire du colonel Mohammedi Saïd, organisée hier, par l'association Machaâl Echahid au Forum d'El Moudjahid. Témoignant sur le parcours militant du colonel Si Nacer, (nom de guerre de Mohammedi Saïd), Abdelhamid Mehri a récusé les jugements portés sur le défunt colonel. «Mohammedi Saïd a été un exemple de fidélité et de dévouement pour la cause nationaliste. Les jugements portés contre lui sur une certaine période de son parcours sont faux. Il n'est pas le seul à s'aligner avec X pour combattre le colonialisme français. Il faut situer son engagement dans son contexte historique et non sur une base idéologique», a rectifié M.Mehri en citant à ce propos d'autres militants de la cause nationaliste qui ont même pris des responsabilités dans l'armée hitlérienne. Il s'agit, entre autres, de Chadli Mekki, pilote dans l'armée de l'air allemande et Mohammed Hamza, conducteur de char au sein de la même armée. Au cours de son parcours militant, l'ex-colonel de la Wilaya III historique, s'est aligné avec les nazis pour combattre la France avant d'être arrêté par les forces coloniales puis condamné à mort à la prison de Lambèse, l'actuelle Tazoult. Ce rapprochement a été différemment interprété par des historiens dont certains prêtent au colonel, décédé en 1994, des tendances idéologiques fascistes. L'alignement de Mohammedi Saïd aux thèses islamistes et sa participation active à la fondation du FIS dissous, lui ont également attiré les foudres. C'est pour «rétablir ces contrevérités attribuées à tort à ce grand homme» que plusieurs personnalités se sont succédé à tribune pour apporter leur témoignage sur l'ex-chef de l'état-major.