De notre envoyée spéciale à Madrid Faouzia Ababsa Trois heures. C'est le temps qu'aura duré la 4e réunion au sommet entre l'Espagne et l'Algérie, à l'occasion de la visite du président de la République dans la péninsule ibérique. La rencontre était coprésidée pour la partie algérienne par le chef de l'Etat Abdelaziz Bouteflika et pour la partie espagnole par le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero au palais La Moncloa. Elle a été précédée par un tête-à-tête entre les deux reesponsables avant d'être élargie aux deux délégations. Celle algérienne était composée de Yazid Zerhouni, Chakib Khelil, Mourad Medelci et Amar Ghoul, respectivement ministres de l'Intérieur, de l'Energie et des Mines, des Affaires étrangères et des Travaux publics. Les discussions ont porté, comme nous l'avions écrit, sur l'énergie, avec tout ce que cela suppose comme pourparlers sur les prix, mais aussi sur les perspectives de coopération entre les deux pays dans ce secteur. Ainsi, au-delà de la réalisation de haute importance que requiert le projet Medgaz, le gazoduc sous-marin qui reliera Beni Saf (Algérie) à Almería, nous apprendrons que celui-ci est en voie d'achèvement et sera inaguré en juin prochain. Il est question aujourd'hui de penser à l'avenir à travers la coopération dans le domaine des énergies renouvelables et ce, dans le contexte de la mise en œuvre du plan solaire méditerranéen. Il est question également de l'élaboration d'une charte sur l'énergie et l'environnement. Toujours au plan économique, les deux pays ont convenu d'approfondir leur coopération en matière d'entrepreuneuriat. A ce sujet, l'Algérie estime que l'Epagne est «devenue l'un des investisseurs de références». Aussi, les deux pays ont-ils convenu de promouvoir la coopération dans les domaines de l'hydraulique et de l'agriculture. Sur le plan politique, les discussions ont porté sur la lutte antiterroriste. L'Espagne n'a d'ailleurs pas manqué de mettre en exergue le rôle de l'Algérie en la matière. Angel Moratinos, ministre espagnol des Affaires étrangères a remercié l'Algérie pour sa contribution en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Interrogé, lors de la conférence de presse conjointe animée avec son homologue algérien sur l'initiative de notre pays concernant l'interdiction du paiement des rançons aux terroristes détenant des otages, M. Moratinos a été très clair. Non seulement l'Espagne y adhère pleinement, mais il n'est pas question de verser un centime d'euro au ravisseurs des trois Espagnols détenus au Mali. Que la péninsule espère voir libérer avec l'aide et la coopération de l'Algérie. Pour sa part, Mourad Medelci, a rappelé les souffrances de l'Algérie en la matière et a montré toute la disponibilité de notre pays à aider les autres, de par l'expérience qu'elle a acquise sur ce plan. Au sujet du Sahara occidental, le ministre espagnol des Affaires étrangères a déclaré que l'Algérie et l'Espagne sont pour l'autodétermination du peuple sahraoui dans le cadre onusien. La déclaration de Moratinos était ferme à ce sujet. Ce qui remet quelque peu les pendules à l'heure, suite à l'équivoque entretenue à un certain moment par le gouvernement Zapatero sur le sujet. Quant à la libre circulation des personnes et la facilitation de la délivrance de visas, il a été souligné les efforts de l'Espagne en la matière. Dans les coulisse du palais La Moncloa, nous apprendrons que les négociations sur la questions n'ont pas été de tout repos. «C'était pratiquement du donnant- donnant», nous confiera un proche de la délgation algérienne. Le forum des 5+5 sera redynamisé. C'est ce dont ont convenu les deux pays. Mourad Medelci nous indiquera que la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères des 5+5 se tiendra en juin prochain, avec en perspective la tenue d'un sommet ultérieurement. Pour rappel, la visite du président de la République en Espagne intervient quelques jours à peine après l'accession de ce pays à la présidence de l'Union européenne pour un semestre. «L'Algérie profitera de cette présidence pour mieux travailler avec l'Union européenne, dès lors qu'elle est membre associée», nous a déclaré notre ministre des Affaires étrangères. A la question du quotidien la Tribune concernant une renégociation de l'accord d'association signé par Valence en 2002, dès lors qu'il a beaucoup plus profité à l'UE qu'à l'Algérie, M. Medelci nous indiquera qu'il «n'est pas question de remettre en cause l'accord dans ses fondements juridiques». En revanche, il s'agira d'examiner le type d'avancée réalisée et mettre à plat tous les problèmes qui ont surgi depuis. L'Algérie profitera bien sûr de la présidence de l'UE par l'Espagne pour porter son message. A propos des négociations avec l'UE sur le prix du gaz, il nous dira que le dialogue est ouvert.