Les négociations de paix sur le Darfour reprendront à Doha fin janvier, a indiqué hier à Ouagadougou le négociateur en chef de l'ONU et de l'Union africaine, Djibril Bassolé, en espérant la présence de Adbdelwahid Mohammed Nour, chef historique des rebelles du l'Armée de libération du Soudan (SLA). «Nous ferons de Doha le lieu des négociations et de la sortie de crise du Darfour», a assuré Djibril Bassolé devant quelques journalistes à l'issue d'un entretien avec le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, hier au Burkina Faso lors de la dernière étape d'une tournée africaine. «C'est autour de la table des négociations, autour des négociations de Doha que nous pourrons amener les parties belligérantes à s'engager dans une véritable cessation des hostilités et à arrêter les modalités de la fin de la guerre», a estimé le négociateur en chef de l'ONU et de l'UA. Il a précisé que les discussions devraient s'ouvrir le 18 janvier à Doha, qu'elles incluraient le 19 une rencontre entre les mouvements armés et la société civile, avant des négociations en bonne et due forme le 24. Le premier round de négociations de paix s'est tenu à la mi-novembre à Doha, en l'absence de représentants du gouvernement soudanais et des rebelles. «Les choses sont difficiles mais vont dans la bonne direction», a estimé le négociateur en chef. Avec Bernard Kouchner, «nous avons évoqué le cas de Adbdelwahid Mohammed Nour [chef historique des rebelles de l'Armée de libération du Soudan], qui vit en exil à Paris et qui est en train d'entrer dans une dynamique intéressante», a-t-il dit. «Il n'a pas encore pris le chemin de Doha mais il ne l'exclut pas. Le plus important, c'est que nous gardions la concertation. Nous ferons au mieux pour que Adbdelwahid, qui représente un symbole fort de libération, puisse jouer une partition utile», a conclu Djibril Bassolé. Pour sa part, le ministre français a souligné que «Adbdelwahid, petit à petit, montre un intérêt de plus en plus grand pour participer éventuellement au processus de paix». «La situation se débloque un petit peu», a-t-il ajouté, en se félicitant de l'«idée de mettre la société civile autour d'une table pendant de longs jours et ensuite de lui faire rencontrer les responsables» soudanais. «Je crois beaucoup à cette dynamique et il serait très souhaitable qu'Adbdelwahid se joigne à cela», a dit Bernard Kouchner. Depuis février 2003, une guerre civile fait rage dans la région du Darfour, dans l'ouest du Soudan, provoquant une grave crise humanitaire. Ce conflit oppose le gouvernement soudanais, ainsi que ses milices locales, à deux groupes rebelles représentant divers groupes ethniques et politiques. L'Armée de libération du Soudan et le Mouvement pour la justice et l'égalité appellent alors au renversement du gouvernement soudanais et à la mise en place d'«un Soudan démocratique uni». Les combats ont fait, selon les estimations, entre 200 000 et 300 000 morts parmi les civils et plus de 2,5 millions de déplacés. La force de l'UA est chargée de surveiller l'application d'un cessez-le-feu signé il y a un peu plus d'un an. Ses pouvoirs sont toutefois limités à la protection des civils. R. I.