Synthèse de Rami Narimene Le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle, a annoncé lors d'une visite surprise hier à Sanaa que les autorités yéménites avaient localisé cinq Allemands retenus en otages depuis six mois. La visite du ministre allemand est la première d'un responsable politique occidental depuis la revendication par El Qaïda dans ce pays d'un attentat manqué dans un avion à destination des Etats-Unis, dont l'auteur présumé avait séjourné au Yémen. M. Westerwelle a annoncé avoir eu des assurances du président Ali Abdallah Saleh que, «selon des informations qui datent d'un peu plus de deux heures», les autorités yéménites ont localisé les otages. Il a remercié le gouvernement yéménite «pour les efforts qu'il déploie afin de faire libérer les otages». Les cinq Allemands, dont trois enfants, sont retenus en otages au Yémen depuis juin dernier. Un haut responsable yéménite avait affirmé, jeudi dernier, qu'ils étaient toujours en vie. Les cadavres de deux Allemandes et d'une Sud Coréenne, kidnappées en même temps qu'eux, avaient été retrouvés peu après l'enlèvement. Le chef de la diplomatie allemande, qui effectue une tournée dans le Golfe, était arrivé, hier matin à Sanaa, pour une visite qui n'avait pas été annoncée à l'avance et a été reçu par le président Saleh. Sa visite intervient alors que le Yémen a intensifié sa campagne antiterroriste et demandé l'aide logistique des pays occidentaux, dont les Etats-Unis, pour lutter contre El Qaïda. La décision du ministre de se rendre au Yémen a été prise à la dernière minute, à l'issue de ses entretiens en Arabie saoudite, au Qatar et aux Emirats arabes unis, selon une source de la délégation allemande. Le but de cette visite est de s'informer sur le terrain de la situation dans ce pays, a précisé cette source, indiquant que le ministre craint que la déstabilisation du Yémen, si elle s'accentue, ne menace la région dans son ensemble et au-delà. L'Allemagne, comme les pays du Golfe où le ministre s'est rendu, est extrêmement soucieuse de la situation au Yémen et de la capacité du président Saleh à contenir les éléments extrémistes opérant dans son pays, a ajouté cette source. Le ministre a délivré à ses interlocuteurs yéménites un message selon lequel les partenaires européens et arabes du Yémen soutiennent le gouvernement de Sanaa mais souhaiteraient qu'il déploie plus d'efforts pour lutter contre la corruption, consolider les institutions démocratiques et promouvoir le dialogue national, d'après cette source. Ils souhaiteraient voir Sanaa trouver une solution politique à ses problèmes, notamment l'insurrection chiite zaïdite dans le Nord, à la frontière avec l'Arabie saoudite, et la situation dans le Sud où le mouvement autonomiste s'amplifie. L'Allemagne est le pays européen qui fournit l'aide au développement la plus importante au Yémen, et doit consacrer environ 79 millions d'euros (114 millions de dollars) à ce pays, l'un des plus pauvres de la planète, pour la période 2010-2011. Les responsables de la sécurité allemande se montrent préoccupés par la formation au Yémen d'islamistes originaires d'Allemagne, a, en outre, rapporté le Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung dimanche. Les autorités yéménites ont intensifié leur campagne contre les réseaux islamistes depuis la revendication par El Qaïda dans la péninsule Arabique (Aqpa) de l'attentat manqué du 25 décembre dernier contre un avion de ligne américain, Le Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab aurait déclaré après son arrestation avoir été entraîné et équipé par le réseau El Qaïda au Yémen.