Photo : M. Hacène La montagne accouche d'une souris. L'ambitieux projet de l'ancien Gouvernorat du Grand-Alger (GGA), intitulé «Carrefour du millénaire», ne grandit pas. Il ne bouge pas. Les habitants d'Alger désespèrent de le voir marcher sur ses pieds. «C'était trop beau pour être vrai», affirment des hommes et des femmes qui se désolent quotidiennement de la dégradation des lieux, bien que des «vigiles» veillent, depuis quelques mois, à la sécurité du site. «Nous faisons en sorte d'empêcher que les SDF, les délinquants… occupent le site et détruisent les aménagements faits jusque-là», raconte un jeune agent. Les voûtes faisant face au bâtiment de la Pêcherie, devrions-nous le reconnaître, semblent être assez bien entretenues. Mais seulement à l'intérieur. Vu de l'extérieur, tout le paysage offre une image triste, dégradante. Murs décrépis, noircis par la pollution de l'air et l'humidité, des odeurs nauséabondes étouffent tout désir de s'attabler dans un restaurant, voire même marcher… et des saletés tout autour repoussent les passants. Rien à voir avec ce qui a été annoncé en grande pompe par les autorités de l'ex-GGA. Tellement de belles choses qui faisaient croire à un réel développement de la ville. A son épanouissement. Une ville moderne, au sens propre du terme, avec de grands espaces de convivialité, d'art et de culture, de développement des sciences et du savoir… etc. L'ambitieux projet «Carrefour du millénaire» a été arrêté au moment même de son lancement. Juste le temps de mettre en place quelques installations et procéder à quelques aménagements. Mais non sans consommer une grande somme d'argent. Au moins un milliard de dinars, obligeant les habitants et les commerçants à quitter leurs domiciles et leurs commerces, bon gré mal gré. Les habitants ont bénéficié de nouveaux logements et les commerçants de nouveaux locaux, sinon des indemnisations -pas tous- mais ce n'est pas la grande satisfaction. Beaucoup regrettent d'être partis –comme s'ils avaient à choisir entre partir et rester !- et d'autres (des commerçants) ont réoccupé les lieux. Jusqu'à aujourd'hui, plus de dix années après le démarrage des travaux, aucune raison n'a été donnée par ses initiateurs pour justifier son arrêt. Disons plutôt son blocage. Et l'on ne peut accuser personne ! Car le projet était une idée de l'ex-GGA et le GGA n'existe plus. La wilaya d'Alger le relancerait-elle ? On n'en sait rien. L'actuel wali, Mohamed Kebir Addou, avait évoqué la reprise de quelques chantiers mais il n'y a toujours rien. Et aucune autre partie n'en parle. Ni les élus au niveau de l'APW ni les députés à l'APN. La société civile brille par son absence.