Photo : Riad Par Billal Larbi En ces jours pluvieux caractérisés par un froid sibérien, rentrer chez soi le soir et se mettre bien au chaud, après une journée de dur labeur, est assurément le désir de tout un chacun. Ce n'est malheureusement pas le cas de tout le monde. Bien des familles vivent dehors par ces temps où le mercure n'est pas, la nuit, loin du zéro. Parmi ces dernières, on retrouve bien sûr les familles expulsées de leur logement. En dépit du fait que celui-ci est un droit universel en vertu duquel chaque personne a le droit de vivre sous un toit, force est de constater que sur le terrain, la réalité est tout autre. C'est ce sur quoi insistera Hakim Salmi, porte-parole du comité «SOS Expulsions» lors d'un point de presse animé, hier, au siège de la Ligue algérienne des droits de l'Homme, rappelant que la réglementation en vigueur interdisait toute opération d'expulsion pendant la saison hivernale. Récusant les affirmations du wali d'Alger, lequel, lors de son récent passage à l'APW d'Alger, avait affirmé l'inexistence de familles vivant dans la rue, le porte-parole indiquera que cet état de fait ne peut être occulté, ajoutant que le fait que de nombreuses familles expulsées assistaient au point de presse en question (il insistera pour dire que ce n'est là qu'un échantillon) était un indice on ne peut plus révélateur. «Les conventions internationales concernant le droit au logement, ratifiées pourtant par l'Algérie, sont violées. Sur le papier, tout semble parfait, à telle enseigne que l'on se dit que tout va comme sur des roulettes. Mais, sur le terrain, c'est une tout autre paire de manches», fulminera l'orateur, donnant dans la foulée les noms de quelques familles présentes (Nessakh, Taan, Harèche, etc.). Les témoignages des pères de famille présents étaient des plus poignants. Un agent de sécurité parlera de son expulsion (lui, sa mère âgée ainsi que ses 4 enfants) du logement de fonction que son père occupait juste après le décès de ce dernier. «En dépit des nombreux appels que nous avons lancés aux autorités concernées, notre situation n'a pas changé d'un iota», dira-t-il, précisant que, n'était son supérieur hiérarchique (dans son lieu de travail) qui l'a autorisé à s'absenter, il n'aurait pas assisté à la conférence de presse d'hier. Lui emboîtant le pas, un membre de sa famille (lui aussi confronté au même problème), pompier de son état, abondera dans le même sens, axant sur le froid glacial qui sévit ces derniers jours, se disant très inquiet pour sa progéniture. Ce dernier témoignage a fait régir plus d'un. «C'est un professionnel des secours (pompier). Mais force est de constater que c'est plutôt lui qui a besoin d'être secouru au regard de la peu reluisante situation dans laquelle il se retrouve aujourd'hui», diront en chœur plusieurs des présents. Une dame âgée de 63 ans parlera d'un logement qu'elle avait acheté et dont les documents s'avéreront par la suite falsifiés. «Le notaire qui a rédigé les papiers n'a nullement été inquiété. Du jour au lendemain, nous nous sommes retrouvés à la rue alors qu'à ma connaissance une loi interdit l'expulsion de toute personne âgée de plus de 60 ans», soulignera-t-elle. L'autre témoignage qui aura retenu l'attention de l'assistance est celui d'un confrère travaillant à la chaîne 3 de la radio nationale. Ce dernier évoquera le cas d'expulsion d'un logement que sa famille a occupé depuis 46 ans. «Nous payions régulièrement le loyer. Nous avons été expulsés en dépit des supplications de ma mère âgée de 78 ans (elle est sœur de chahid nous affirmera-t-il)», tiendra-t-il à dire à l'assistance, précisant que les plus hautes instances de l'Etat ont été sollicitées, dont bien sûr le président de la République, en vain hélas. Avant de clore ses propos, le porte-parole du comité «SOS Expulsions» mettra en évidence un certain nombre de revendications que les familles expulsées souhaitent voir se concrétiser rapidement. Il s'agit de l'arrêt des opérations d'expulsion pendant l'hiver et l'octroi d'un quota de logements (dans le cadre du relogement prévu pour l'année en cours) aux familles expulsées.