Photo : S. Zoheir Par Ali Boukhlef Le Pacte national économique et social signé en 2006 et les résultats de la dernière tripartite n'ont servi à rien du tout, ou à très peu de choses. Preuve en est que depuis quelques semaines, le front social est marqué par des mouvements de grève cycliques. Et si les secteurs diffèrent, les revendications, elles, restent presque les mêmes : salaires, indemnités et système de retraite. Et c'est exactement sur ces points qu'a tranché théoriquement la tripartite du mois de décembre. Mais entre les salons de Djenane El Mithak et les rues boueuses de la zone industrielle de Rouiba, le fossé est souvent plus grand. Qu'à cela ne tienne, cela fait plusieurs semaines que les praticiens de la Santé publique observent une grève sans que le ministère de la Santé ne bouge le petit doigt. Leurs revendications sont pourtant claires : augmentation des salaires et régime indemnitaire. Les deux parties, ministère et syndicats, restent agrippés chacun à sa position initiale. Pire, le ministère de la Santé a même tenté de ponctionner les salaires des grévistes. En vain. La grève des enseignants du secondaire a été, certes, suspendue au mois de décembre, mais des litiges subsistent et le conflit risque de reprendre à tout moment. Objet de la colère : les syndicats autonomes ne sont pas associés à l'élaboration du régime indemnitaire les concernant, comme l'a promis Boubekeur Benbouzid, ministre de l'Education nationale. A cela, il faut ajouter que la reprise est précaire, puisque les enseignants revendiquent toujours une augmentation de leurs salaires et, surtout, une retraite à 25 ans. Alors que les grèves étaient confinées, jusque-là dans la Fonction publique, la colère a gagné d'autres secteurs, à commencer par la très emblématique zone industrielle de Rouiba. Ainsi, les travailleurs de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) sont en grève depuis maintenant 9 jours et ne comptent pas y renoncer. Leurs revendications : suppression de l'article 87-bis du code de travail, le maintien de la retraite à 32 ans de service et, bien entendu, une augmentation des salaires. Jusqu'à présent, les seules réponses qu'ils ont eues se limitent à des communiqués de la Centrale syndicale qui se substitue, ainsi, aux pouvoirs publics. De puis hier, un autre mastodonte de l'industrie sidérurgique est entré lui aussi en grève. Les travailleurs de l'usine ArcelorMittal de Annaba ont donc entamé un mouvement de débrayage illimité. Ils demandent essentiellement la rénovation de la cokerie, même si la colère dans cette usine remonte à longtemps. A ceux-là, il faut ajouter les fonctionnaires des corps communs, notamment ceux des collectivités locales qui tentent eux aussi de faire entendre leurs voix, malgré l'absence d'une véritable structure syndicale. Le gouvernement écoutera-t-il ces cris de colère ?