Photo : S. Zoheïr Par Faouzia Ababsa Le lancement officiel du processus de négociation des conventions de branches pour l'ensemble du secteur économique public et privé aura lieu cet après-midi au siège du ministère du Travail. Abdelmadjid Sidi Saïd l'a annoncé hier devant les cadres syndicaux de la wilaya d'Alger, dont les syndicalistes de la SNVI. C'était à l'occasion d'une réunion sollicitée par l'union de wilaya d'Alger, dirigée par Salah Djenouhat. Cela après une réunion au cours de laquelle les syndicalistes ont exprimé leurs préoccupations par rapport à la situation de la SNVI en arrêt de travail depuis une semaine. Le lancement des négociations des conventions de branche intervient en application d'une décision de la tripartite tenue les 2 et 3 décembre dernier. D'emblée, Salah Djenouhat a indiqué aux présents que la réunion n'avait pas pour but de «regarder dans le rétroviseur» mais plutôt de faire des avancées. «Nous sommes certes préoccupés par la situation des travailleurs de la SNVI mais il s'agit aujourd'hui de trouver une solution.» Il faut dire que la grève observée par le complexe industriel de Rouiba a dominé la rencontre, notamment avec l'intervention des responsables du syndicat de l'entreprise qui voulaient revenir sur la genèse du conflit. «Nous avons attiré l'attention du secrétariat national avant la tripartite au sujet de la révision de la retraite parce que nous sentions le malaise qui couvait au sein de la base. Nous n'avons pas été écoutés», dira Messaoudi, secrétaire général par intérim de la Fédération de la mécanique et de la métallurgie. «Nous avons par la suite tenu une réunion avec l'ensemble des cadres syndicaux de la zone industrielle de Rouiba. Mais ce qui a compliqué les choses, dira l'intervenant comme pour se justifier, ce sont les déclarations des responsables devant la télévision, selon lesquelles l'augmentation des salaires allait toucher tout le monde, ce qui s'est avéré faux», en allusion aux déclarations du ministre du Travail, il y a quelques jours. Le même orateur justifiera le moment choisi pour déclencher le mouvement de protestation par la flambée des prix de produits de première nécessité. Il précisera aussi que 90% des écrits journalistiques sur le mouvement de grève et les déclarations faites à l'occasion par les contestataires est «archifaux. Nous n'avons à aucun moment insulté qui que ce soit ni demandé le départ de quiconque». M.Messaoudi est interrompu par Abdelmadjid Sidi Saïd qui signifiera clairement aux syndicalistes de la SNVI qu'il ne leur faisait aucun reproche. «La preuve en est que je n'ai à aucun moment condamné le mouvement». Et d'ajouter : «Maintenant que les conventions de branches vont être lancées, il faut aller négocier et arracher ce que vous pouvez comme augmentation pour les travailleurs.» Cependant, depuis 2006 la SNVI n'est sous la tutelle d'aucune Société de gestion des participations de l'Etat. Les syndicalistes veulent donc engager les négociations directement avec la direction générale de l'entreprise. Sidi Saïd leur demandera de procéder comme ils l'ont fait il y a 4 ans, c'est-à-dire engager les pourparlers dans le cadre de la branche et s'en départir par la suite, du fait que la SNVI est devenue un groupe industriel avec différentes filiales. Pour sa part, le secrétaire général du Syndicat de l'entreprise, M. Belmiloud, mettra en avant la gravité de la situation vécue par les travailleurs, lesquels, selon lui, ont déclenché seul le mouvement que le Syndicat a tout de suite encadré pour éviter les débordements. «Mais nous ne pouvions nous mettre dans un café au moment où ils occupaient la rue. Notre place était à leurs côtés.» Il précisera le caractère spécifique du mouvement qu'il faut traiter en tant que tel. Il reviendra sur les revendications des travailleurs et posera de nouveau le problème de la révision de l'ordonnance relative à la retraite prise en 1997. «On nous dit que la loi dispose de la possibilité de rachat de 5 années de cotisations, conformément à l'article 7 de la loi de 1983. Mais la CNR nous a opposé une fin de non recevoir en l'absence du décret d'application de l'article en question. Nous sommes dans cette situation depuis 2004.» M. Sidi Saïd rappellera les circonstances de la promulgation de ladite ordonnance. Il a par là même rassuré les cadres syndicaux en précisant que l'ordonnance de 1997 restera en vigueur durant cette année. Jusqu'à ce que la nouvelle loi soit promulguée. Elle comportera, dira encore le patron de la centrale syndicale une disposition déterminant les critères pour la retraite anticipée. Il s'agirait, selon toute vraisemblance des salariés exerçant des métiers spécifiques et pénibles. Ceux des travailleurs qui seront à quelques mois de la retraite, bénéficieront du dispositif de 1997. L'augmentation récente du SNMG n'aura pas, comme les précédentes, des répercussions pécuniaires sur les concernés en raison du fatidique 87 bis. Cela est incontestable. Toutefois, ledit article sera révisé dans le cadre du nouveau code du travail qui sera présenté au Parlement au courant de cette année. Il comportera un article définissant les critères de calcul du Salaire minimum garantie selon les normes universelles, c'est-à-dire que les incidences financières pour chaque augmentation du SNMG se feront de manière automatique. Les troisièmes conventions et branches qui vont être lancées cet après-midi règleront-ils définitivement le problème des salaires ? Rien n'est moins sûr. C'est en tout cas la conviction de M. Soum, membre du bureau de la Fédération de la mécanique et de la métallurgie. «On peut négocier les meilleures conventions avec des augmentations conséquentes. Mais si l'entreprise n'a pas d'argent, elle ne pourra pas appliquer les accords». C'est la raison pour laquelle, ajoute notre interlocuteur, il est impératif d'assainir les entreprises et remettre les compteurs à zéro. ArcellorMittal n'était pas en reste dans ce débat syndical. Pour Soum, la situation est explosive. «La direction du complexe se doit d'investir pour la réhabilitation de la cokerie, sinon c'est carrément 300 travailleurs qui se retrouveront dehors. Le cas échéant l'Etat qui est détenteur de 30% du capital est tenu d'intervenir pour remédier à la situation ou alors carrément renationaliser le complexe.» A la fin du débat, les esprits étaient apaisés et l'on sentait que les syndicalistes de la SNVI étaient quelque peu convaincus des explications et autres précisions et assurances qui leur ont été données par la direction de l'UGTA. D'ailleurs, M. Messaoudi était persuadé qu'à l'issue de l'assemblée générale d'aujourd'hui avec les travailleurs l'activité du complexe reprendra normalement avec en prime la satisfaction des commandes qui ont été faites à l'entreprise.