De notre envoyée spéciale à Tamanrasset Wafia Sifouane L'exposition «De la musique avant toute chose» installée dans le hall de la maison de la culture de Tamanrasset et inaugurée mercredi dernier est tout simplement un délice visuel qui s'offre volontiers aux visiteurs, jusque-là timides toutefois. Rassemblant une quarantaine de tableaux, tous styles et toutes tendances confondus, cette exposition taquine les sens et inspire la sérénité. Une sérénité sans doute liée au thème de la musique qui déclenche une créativité hors norme chez les artistes exposants.Parmi ces œuvres, un tableau représentant une clarinette géante tenue par deux mains imposantes réalisé par l'Espagnol Prieto Manuel, qui a opté pour une technique mixte. Il côtoie une autre œuvre de cet artiste intitulée A guitara de Manuel qui représente une guitare acoustique dont l'étui est posé discrètement à côté. Autre tableau marquant, celui de Contreras Manuel El Saxo adolescente. Réalisé avec la technique du graffiti, ce tableau en noir et blanc représente une jeune adolescente en plein trip avec son saxophone. Ce dernier d'ailleurs ne passe pas inaperçu puisqu'il est le seul élément en couleur. Aussi présents dans l'exposition, des tableaux dédiés aux joueuses de l'imzad qui sont à l'honneur durant cet événement. Seules ou en groupes, vêtues de leurs tenues traditionnelles, assises en tailleur, ces femmes targuies, comme sorties d'un mythe, impressionnent. D'ailleurs, les peintres ont brillamment relevé le défi de retransmettre toute l'émotion que dégage une rencontre avec ces femmes. Parmi les artistes présents dans la salle, Ahmed Stambouli, venu avec deux peintures réalisées selon la technique acrylique sur bois. «Mes influences sont diverses. Elles se situent entre l'art précolombien, le primitif du Tassili et le folklore africain. J'ai tenté de tout retransmettre dans mes œuvres. Quant aux matériaux utilisés, je préfère rester proche de la nature avec le sable et le bois», dira-t-il. Au milieu de la salle, une sorte de présentoir est installé pour mettre en avant l'exposition de sculpture qui n'a rien de morose. La première œuvre qui saute aux yeux est celle de Codina Pol intitulée Teach me mother, une sculpture réalisée en fer forgé représentant un imzad tenu par deux mains d'une finesse incomparable. Elle touchera les visiteurs avec son petit mot posé devant son œuvre «dédiée à ma maîtresse de l'imzad». Autre sculpture, celle de Patricia Manuel, Manuel présent en force. Cette œuvre représente deux êtres adossés l'un contre l'autre. Chacune de son côté, ces deux personnes sans tête donnent l'impression de se chercher et de se déchirer en même temps. Cette sensation d'attraction-répulsion est expliquée par le titre de l'œuvre, la Solitude après l'amour.Par ailleurs, le commissaire de l'exposition, Saci Dalil, nous révélera que les tableaux exposés sont les premières œuvres du futur musée de l'imzad. «Les artistes nous ont offert ces tableaux pour qu'ils soient exposés dans le futur musée de la maison de l'imzad, actuellement au stade de la construction. Ils ont tenu à être les premiers à entrer dans ce musée» précisera-t-il.