De notre correspondant à Constantine A. Lemili Depuis quelques jours, deux musiciens de Constantine se sont attelés à retrouver d'anciens compagnons du domaine avec la ferme intention de relancer la ou les activités artistiques dans une ville aujourd'hui pratiquement aphone.Il y a lieu de souligner que Kamel B. et Maamar B., balisant tout de suite leur action, ont tenu à souligner que leur «démarche n'est pas exclusive. En fait, l'idée pour nous est de brasser large, autrement dit au sein de l'ensemble du microcosme artistique. L'évidence étant à l'origine de le reconstituer. Bien entendu, nous n'allons pas faire dans la nostalgie et, par voie de conséquence, nous arrêter aux artistes de notre génération mais faire en sorte de cibler aussi et surtout toutes les catégories d'âge susceptibles de s'exprimer ou d'avoir quelque chose à dire». Musicien, mais aussi l'un des rares, sinon le seul artisan encore en activité spécialisé dans la réhabilitation des instruments de musique et plus particulièrement du luth, Maamar B., un brin dépité, tiendra à rappeler l'existence d'un organe corporatif qui fonctionne d'une manière sporadique, voire ponctuelle, au moment où son collègue exhibe une carte totalement décatie d'adhérent pour enchaîner sur la disponibilité de cette structure. «Du temps du parti unique, nous étions affiliés à la Fédération nationale des arts lyriques, laquelle chapeautait une union professionnelle de laquelle nous relevions. Au début des années 1980 et consécutivement à l'une des résolutions du congrès est née l'Union nationale des artistes lyriques algériens (UNALA) dont feu Ahmed Wahbi était le secrétaire général de l'organe exécutif. Mais la politique étant ce qu'elle est, le Front de libération national, en tant que protecteur officiel des artistes, allait encore une fois restructurer les différentes associations qu'il a regroupées au sein de l'Union nationale des arts culturels (UNAC). Bien entendu, ce ne sera qu'un “machin” sans aucun impact sur le terrain et plus particulièrement par rapport aux artistes, tous métiers confondus.» Sans s'étaler sur les tenants et les aboutissants d'un dysfonctionnement criant, du monopole des destinées de l'union à l'échelle régionale entre les mains d'une seule personne, en l'occurrence un chanteur célèbre de l'est du pays, nos interlocuteurs nous confieront la nature des démarches entreprises, jusqu'à mardi dernier, et leurs premiers contacts avec l'Union de wilaya de l'UGTA pour la création d'un syndicat des artistes. Une prise de contact forcément très bien accueillie par les cadres de l'union centre, comme nous le confiera Y. Belami, que nous avons rejoint à la hauteur du siège de l'Union de wilaya de l'UGTA Abdelhak Benhamouda. «Effectivement, je vous confirme la démarche et notre souci de voir les corporations artistiques bénéficier d'une protection officielle à même de préserver leurs droits mais aussi de leur rappeler leurs obligations. Il n'y a aucune contradiction dans la démarche dans la mesure où il s'agit de la création d'un organe de défense d'intérêts collectifs propre à un groupe de personnes dans le cadre et le respect des lois de la République.» Le problème parmi les plus cruciaux des associations, quelle que soit leur vocation, est, évidemment, l'absence de structure d'accueil. A ce sujet, le syndicat en gestation bénéficiera d'un espace au sein de l'UW et pourra donc réunir ses membres dans un cadre réglementaire. Le noyau existant va s'atteler dans l'immédiat à recomposer la scène locale, recenser les artistes, les sensibiliser à la nécessité de s'organiser pour, ensuite, décider des voies et procédures de tenue d'une assemblée générale ordinaire, d'une autre élective et de la désignation d'un bureau exécutif. C'est sans doute la démarche la plus cohérente qui ait pu être réfléchie ces trente dernières années dans la mesure où les associations activant dans le cadre de la loi 90/31 ont réellement montré leurs limites. Les artistes, tous corps confondus, restant une corporation en proie aux vicissitudes du métier que ne saurait protéger qu'un syndicat dans toute l'acception du qualificatif.