Photo : Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili «Pourquoi voulez-vous que cette année 2009 ne ressemble pas à celles passées et celles à venir ?» Il y a beaucoup de subtilité dans la réponse de B. Mourad, étudiant aux Beaux-Arts, une réponse qui résume à elle seule toutes les interrogations que se posent et se poseront pour le reste de leurs jours, sauf miracle, les artistes, toutes disciplines confondues. Même la postérité, autrement vue, n'est pas envisageable pour des gens de l'art qui ne peuvent pas rêver d'une vie bohème telle que chantée par Charles Aznavour et qu'ils souhaiteraient avoir, à défaut de… mieux. Un autre artiste, aujourd'hui enseignant, qui considère que son avenir est derrière lui, nous dira : «Que de rêves avortés depuis le jour où j'ai obtenu mes diplômes dans différentes écoles des beaux-arts, en Algérie et ailleurs. Aujourd'hui, il m'arrive, par nécessité, de peindre une ou deux croûtes, c'est selon les besoins matériels et financiers du moment et je m'arrange pour faire jouer l'entregent acquis, du temps où j'étais dans les arcanes des centres de décision en matière culturelle pour en tirer quelques millions de centimes à l'occasion d'un événement officiel, car, de toutes les manières et en de telles circonstances, tout le monde achète n'importe quoi.» Les évènements officiels ! Parlons-en. Cela sera, par excellence, comme d'habitude, le calendrier officiel de la concrétisation des… attentes de tout le monde. Les 8 mars, 16 avril, 8 mai, 19 mai, 17 juin, 19 juin (ça marche encore), 5 juillet, 20 août, 17 octobre, 1er novembre, 11 décembre et éventuellement le 28 du même mois. C'est à ces dates que l'action culturelle fonctionnera à pleins tubes avec, évidemment, le printemps théâtral, le Festival international de jazz et quelques concerts ponctuels durant l'été, auxquels n'auront pas droit les artistes du cru et/ou ceux qui ne s'inscrivent pas dans la ligne d'expression et de pensée des responsables de la culture sur place. Encore eût-il fallu qu'il y ait des responsables de la culture qui gèrent ès qualités le secteur. Un trublion de la scène artistique locale abonde en ce sens et jure qu'il n'y a rien à attendre de «responsables qui le sont devenus administrativement et non pas en vertu de leur rapport direct aux arts… leur apport en ce sens. Il y a quelques années, un directeur de la culture croyait que Von Ribentrop, comme Von Karajan, était un… musicien [authentique]». remarque désabusée de Hocine Z., accessoiriste, qui ajoute : «Personnellement, même si j'appartiens, à titre permanent, au secteur, je demeure quelque part un intermittent du spectacle, en ce sens que la reconnaissance matérielle que je ne gagne pas officiellement, je l'obtiens dans des contributions avec le privé». La conclusion dans toute cette confusion ne se situe sans doute pas dans l'incompétence des responsables de la culture ni dans leur formation, même si elle est plus que discutable mais tient plus particulièrement à leur manque d'éclectisme. Il paraît clair et indiscutable que gérer un secteur des arts oblige son titulaire à une culture étendue et multiforme qui ne saurait se suffire de sa formation de poète, peintre, sculpteur, romancier, musicien, etc. Sinon, il risque de s'avérer peu probable de faire la différence entre la Scala de Milan et la…Castafiore d'Hergé. C'est à ces seuls petits détails qui régulent l'imagination et l'intelligence que peut se régler le problème de la culture à Constantine et non pas en termes d'importance des enveloppes budgétaires accordées. Là est malheureusement la nuance, une nuance qui ramène sur terre tous les rêveurs parmi les gens des arts. A. L. Le Snapap s'investit dans la culture La promotion des arts passe par l'épanouissement des personnes qui les servent. C'est sans doute l'idée maîtresse d'un communiqué du syndicat autonome Snapap qui vient d'installer, il y a seulement soixante-douze heures, une de ses sections au sein du palais de la Culture Malek Haddad, qui reste, par excellence, le symbole de la déconfiture de la culture dans la ville de l'illustre écrivain dont il porte le nom. La nature a horreur du vide et les responsables du syndicat autonome, représentatif de l'administration, ont mesuré avec grande subtilité la nécessité et, surtout, l'importance d'occuper des espaces laissés en déshérence par les résidus de l'ex-syndicat unique, plus enclins à investir les milieux professionnels où il y a autre chose à brasser fût-ce le vent que… l'intelligence. Dans ledit communiqué, daté du 6 de ce mois, les rédacteurs annoncent leurs intentions et appellent à une prise en charge réelle de la culture, sur tous les plans. Ils n'hésitent pas à interpeller tous les responsables concernés et à leur tête la ministre de la Culture pour que «Constantine, ville des arts, de la science et des ouléma» ne reste pas seulement un creux slogan.