Praticiens et praticiens spécialistes de la santé publique sont en grève illimitée depuis le 21 décembre 2009 pour les premiers et le 5 janvier 2010 pour les seconds, mais le mouvement se déroule pratiquement dans l'indifférence totale, aussi bien des pouvoirs publics que de la société civile, qui ne cherchent ni à comprendre les raisons de cette protestation ni à s'y impliquer de façon à aider les grévistes à faire entendre leur voix. C'est comme si ce mouvement ne les intéressent nullement. De nombreux citoyens, devrions-nous le reconnaître, boudent les structures publiques depuis des années, ne leur faisant plus confiance. D'autres prennent leur mal en patience, supportant les défaillances, les négligences et le mépris sans mot dire. La société civile n'agit pas. Très peu de personnes expriment leurs positions… La majorité des associations se manifestent pendant les rendez-vous électoraux… pour des visées purement politiciennes. Celles qui militent réellement pour le bien des malades, des nécessiteux, des personnes en danger moral et physique agissent dans un champ d'action restreint, faute d'argent, d'engagement, mais surtout d'assise politique. Pour revenir à la grève des praticiens et praticiens spécialistes de la santé publique, qui n'en sont pas à leur première action de protestation, le mouvement semble durer dans le temps bien que le taux de suivi reste mitigé, pour ne pas dire faible, si l'on en juge par l'ambiance générale dans les CHU, les EHS, les polycliniques et les dispensaires des villages et de quartiers. Les piquets de grève ne sont pas quotidiens, les affiches et les banderoles annonçant le mouvement ne sont pas visibles dans les structures hospitalières… En somme, rien n'indique que le corps médical est en grève sauf lorsqu'on interpelle une blouse blanche et on lui pose la question. Là encore, la réponse est : «Certains sont en grève, d'autres non». Aucune cellule n'est mise en place pour le suivi de cette action protestataire ni au niveau des hôpitaux ni au niveau du ministère de tutelle (ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière). Donc, pas de chiffres qui reflètent la réalité du terrain. Le ministère se mure dans le silence comme si de rien n'était. Pourtant, si jamais le mouvement se durcissait -comme cela a été le cas dernièrement dans la zone industrielle de Rouïba, après la grève de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI)- il pourrait faire tache d'huile. Et, comme toujours, c'est le simple citoyen qui en pâtira, si ce n'est déjà le cas. K. M.