Fluctuation excessive des cours du pétrole ces derniers jours. De 82 dollars il y a dix jours, le baril de brut trébuchait à 75 dollars vendredi dernier. Importante, la chute l'a été dans le sillage des marchés d'actions en raison de craintes sur la demande pétrolière de la Chine et des Etats-Unis. En valeur, sur le New York Mercantile Exchange, le brut pour livraison mars a reculé de 1,54 dollar ou de 2,02% à 74,54 dollars le baril. A Londres, le brent a chuté de 1,75 dollar ou 2,35% à 72,83 dollars. D'évidence, le projet de réforme de l'activité des banques aux Etats-Unis, une des conséquences de la crise financière internationale, laisse penser que ces dernières pourraient réaménager leur politique d'investissement dans les matières premières, le pétrole compris. C'est pour mieux réguler les institutions financières qu'un tel projet a été mis en route. Une nouvelle vision de la nouvelle administration américaine ? Le président Barack Obama a annoncé jeudi dernier qu'il voulait imposer de nouvelles règles aux banques pour les empêcher de prendre trop de risques. De quoi s'agit-il ? Il souhaite notamment «interdire» à toute banque collectant des dépôts de «spéculer» sur les marchés pour son propre compte. «Il y a un risque que cela affecte les échanges effectués par les banques», a jugé Schenker dans des déclarations aux médias. Le marché s'est montré d'autant plus sensible à ces annonces, selon Jason Schenker, qu'elles interviennent alors que l'autorité américaine de régulation des marchés des matières premières, la CFTC, vient de proposer des limites de positions aux plus gros opérateurs, autrement dit les grandes banques, pour contrôler la spéculation. Ces mesures étaient en fait prévisibles, dans la foulée des réformes engagées dans la sphère financière à l'échelle mondiale. Quant à la Chine, les marchés anticipent des décisions qui pourraient freiner sa croissance économique, laquelle a atteint 10,7% au quatrième trimestre 2009. Et, si l'on s'intéresse au fait que la Chine prend des mesures pour ralentir son économie, cela soulève des inquiétudes sur sa demande de pétrole, qui pourrait ne pas être aussi forte que ce que l'on pensait. Les investisseurs voient avec nervosité les autorités de Pékin chercher à contrôler la surchauffe de la troisième économie mondiale, moteur de la demande d'énergie ces dernières années. Dans son dernier rapport en date sur la demande pétrolière mondiale, l'Agence internationale de l'énergie a noté que la consommation de pétrole sera tirée vers le haut par la Chine et l'Inde. Ce relèvement de la demande en pétrole ferait que les prix augmenteraient. Mais, il n'y a pas que ce facteur qui influe sur les cours du brut. Le marché pétrolier s'est rapidement refroidi, ont noté de leur côté les analystes de JPMorgan, les prix retombant rapidement à leurs plus bas niveaux de décembre alors que le nord-est des Etats-Unis passait de températures glaciales à des températures presque printanières. Le froid du début du mois n'a pas eu l'effet escompté sur la demande énergétique américaine, et avec l'arrivée de températures plus douces, les opérateurs s'inquiètent de voir la consommation rester médiocre pendant encore plusieurs semaines. L'instabilité dont souffrent les marchés pétroliers a été amplement commentée par les spécialistes. La semaine a été «mauvaise» pour le marché pétrolier, a ainsi estimé Phil Flynn, de PFG Best Research, cité par des agences de presse. Ce qui se passe, c'est que le marché «craque» sous le poids des fondamentaux, l'offre et la demande, a-t-il dit. Autre donnée, les statistiques hebdomadaires du département de l'Energie avaient révélé jeudi dernier que la demande américaine sur les produits pétroliers était restée en baisse (-1,8%) sur les quatre dernières semaines par rapport à la même période de l'an dernier. Plusieurs facteurs font baisser ce marché, a commenté de son côté Jason Schenker, de Prestige Economics, repris par les médias. La situation de l'offre et de la demande en est l'exemple le plus fondamental, et à cela s'ajoute ce que le marché considère comme des changements de régulation effrayants, a-t-il souligné. Exagérément fluctuante soit que la situation actuelle des marchés, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) s'en accommode. Il est attendu qu'elle se réunisse en mars prochain à Vienne. Il est cependant fort probable qu'elle ne modifiera pas, au terme de cette rencontre, ses quotas de production fixés officiellement à 24,84 millions de barils par jour. L'organisation pétrolière a tenu le 22 décembre dernier, à Lunda, une conférence ministérielle extraordinaire pour examiner les marchés. Et elle a maintenu inchangé son volume de production. Y. S.