Longtemps considéré comme tabou, le drame des mères célibataires est finalement sorti de l'ombre pour atterrir sur les bancs de l'Assemblée populaire nationale, et de quelle manière !En effet, une députée MSP a cru bon de refaire le monde en posant une question au ministre de la Solidarité, Djamel Ould Abbes. La question serait une simple formalité si la parlementaire n'avait pas donné l'impression de vouloir changer le cours de l'humanité en s'offusquant –presque- que des enfants naissent hors mariage. Et la réponse du ministre a remis les pendules à l'heure : «Le phénomène existe depuis que l'humanité existe.» Cela du côté de la moralité. Quant à la réalité, Djamel Ould Abbes, s'exprimant devant une assemblée clairsemée, a annoncé qu'entre 2 300 et 3 000 enfants nés hors mariage sont déclarés annuellement aux services municipaux. Il a reconnu, en revanche, que beaucoup ne seraient certainement pas déclarés. L'essentiel étant, selon lui, de prendre en charge ces enfants pour, au moins, leur donner une scolarité normale. Pour cela, il a annoncé qu'un projet de loi est dans les armoires du secrétariat général du gouvernement. Le projet porte, selon Ould Abbes, sur la reconnaissance de la paternité. «Si le père d'un enfant est identifié, on lui demandera de reconnaître l'enfant en lui donnant son nom sans obligation de mariage», a-t-il indiqué. La nouveauté est à situer à ce niveau, alors qu'auparavant les juridictions obligeaient les pères biologiques à épouser la mère des enfants. Cela dissuadait, bien entendu, les hommes à reconnaître «leurs» enfants. Serait-ce la fin du calvaire pour les 6 000 mères célibataires recensées jusque-là ? Probablement pas. Mais si la loi était adoptée, beaucoup de problèmes seront réglés. Cela dit, le ministre de la Solidarité a indiqué qu'en attendant cette loi, le gouvernement fait en sorte que ce soit les mères biologiques qui élèvent leurs enfants. Pour cela, des formations sont proposées à ces dernières, a-t-il indiqué.Ce chapitre a amené le représentant du gouvernement à énumérer les avancées enregistrées dans le domaine de la promotion de la femme dans notre pays, estimant à 35% le nombre de juges, à titre d'exemple.Sur un autre chapitre, Djamel Ould Abbes a estimé que près de «6 000 indus bénéficiaires» de la pension pour handicapés ont été débusqués. «L'assainissement des listes des bénéficiaires de la pension pour personnes handicapées, effectué dernièrement par le ministère, a fait ressortir un chiffre de près de 6 000 indus bénéficiaires sur 157 000 handicapés» qui en bénéficie, a-t-il précisé. A. B.