Le gouvernement examinera bientôt un projet de loi sur la filiation de paternité. «Je ne peux pas faire de cas sociaux des terroristes». C'est ainsi qu'a répliqué Djamel Ould Abbès, ministre de la Solidarité nationale, jeudi lors d'une plénière à l'APN, à la question d'un député portant sur les enfants nés sous X. Cette question est liée directement à une autre affaire qui ne cesse de revenir avec acuité appelée «mères célibataires». Des représentants de partis politiques de tendance islamiste ne cessent de revenir à la charge qualifiant le fait d«'incitation et d'encouragement de la prostitution». Le représentant du gouvernement a rappelé derechef que la prise en charge des enfants nés sous X ainsi que les mères célibataires s'inscrit dans le cadre de la solidarité nationale qui ne doit exclure aucune frange démunie de la société. L'on assiste, faut-il le dire, à un véritable retour du discours intégriste au sein même de l'hémicycle. Car, après l'affaire des mères célibataires et le prêche d'un certain député pour que soit permise la flagellation contre les mères célibataires, voilà que d'autres représentants du peuple osent condamner les initiatives de l'Etat tendant à prendre en charge les enfants nés sous X, appelés aussi, sous un autre langage, «enfants illégitimes». «Prendre en charge la maman et son enfant relève du devoir de l'Etat algérien et je ne peux faire de ces enfants innocents des terroristes de demain», avait précisé une fois de plus le ministre de la Solidarité nationale. Il a, dans la foulée, qualifié la montée au créneau de certains députés de tentative de faire d'une opération de solidarité une affaire de polémique sans fondement. Djamel Ould Abbès a annoncé dans le même sillage que son département s'apprête à jeter au coeur des prochains débats du gouvernement un projet de loi sur la filiation de paternité. Il s'agit de confirmer la paternité d'un enfant à travers les tests ADN. Une opération qui est utilisée dans plusieurs pays. Désormais, explique le ministre, les pères présumés sont contraints de subir des tests ADN afin de confirmer la paternité de l'enfant et lever ainsi toute équivoque sur cette question. Quant à la mère, celle-ci sera protégée dans le cadre de la «kafala» tel qu'il a été mentionné dans le registre des traditions de solidarité algériennes. Elle aura aussi droit à toutes les facilités de la part de l'Etat pendant la période de l'allaitement, mais aussi à une formation dans un centre spécialisé ainsi qu'un emploi afin de lui éviter toute circonstance difficile. Le père ne sera, par ailleurs, pas obligé d'épouser la mère, mais le département de la justice prendra en charge les suites qui découlent de toute affaire. Quant aux parents qui acceptent le retour de leur fille au foyer familial, ceux-ci bénéficieront, si leur cas nécessite une intervention de l'Etat, d'une aide financière mensuelle afin de permettre une vie «acceptable» à la mère et son enfant. Ce projet de loi confectionné en partenariat avec le ministère de la Justice sera bientôt présenté dans un conseil de gouvernement, annonça Djamel Ould Abbès aux députés révoltés. Il n'y a pas longtemps, un autre député du parti MSP, Boudjerra Soltani, s'est attaqué aux femmes célibataires en préconisant «la flagellation» pour punir le «délit de rapport sexuel extraconjugal». Voilà, après dix années de terrorisme qui a endeuillé l'Algérie, que le fanatisme religieux tente encore inlassablement de revenir par la petite porte. Pis encore, au lieu de débattre des questions qui concernent le simple citoyen, des élus du peuple n'hésitent toujours pas à afficher, au sein même de l'hémicycle de l'APN, leurs convictions d'islamisme radical qui ne reconnaît que la charia comme seule inspiration juridique. Pourtant, les actions de solidarité menées par l'Etat sont bel et bien inscrites dans le texte de la Constitution algérienne. Cela nous renseigne sur le niveau de nos députés et leurs vrais intérêts. Avant de finir sa réplique, le représentant du gouvernement a lâché à l'adresse du député en question que son département «n'aborde pas un cas social sous un aspect philosophique». Car, il s'agit bel et bien d'éviter d'autres drames sociaux. Et d'ajouter enfin que l'Etat algérien continuera à s'occuper de la frange des enfants nés sous X et des mères célibataires.