De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Le débat sur l'identité nationale française lancé il y a quelques mois rencontre de moins en moins d'adeptes et l'isolement du gouvernement est de plus en plus manifeste. Après son rejet par l'opposition de gauche et le mouvement associatif, après la remise en cause de son utilité par d'éminentes personnalités de droite, comme les anciens Premiers ministres Alain Juppé et Dominique de Villepin, ce sont les citoyens français qui marquent du sceau de l'impopularité un sujet qui, manifestement, a raté sa cible et suscite des doutes sur son objectif.Un sondage réalisé par un institut spécialisé pour un quotidien gratuit et la radio France info donne un éclairage instructif sur le sentiment des Français à l'égard un débat qui a fortement influé sur le climat politique du pays de ces derniers mois. Ainsi, ils sont 63% à penser que ce débat n'a pas été instructif. 61% pour dire qu'il n'a pas permis de définir ce qu'était «être Français». 53,4% à juger que ce débat voulu par le pouvoir procède d'«une démarche électoraliste» en vue des élections régionales du mois prochain. 68,2% estiment que l'immigration n'est pas une menace pour l'identité nationale française. Face à ces opinions sans équivoque, le ministre en charge de l'immigration et de l'identité nationale, Eric Besson, a reconnu lundi dernier, pour la première fois, des problèmes dans le débat qu'il a lancé au nom du gouvernement et voulu par le président de la République. Sans remettre en cause l'initiative et sa poursuite jusqu'à fin 2010, il a reconnu qu'il est peu instructif et regretté de n'avoir pas créé «un comité de sages» formé d'intellectuels qui aurait pu cadrer et orienter le débat. C'est une manière de reconnaître le manque de préparation dû à la précipitation qui a présidé à son lancement, ce qui donne des arguments à ceux qui jugent la démarche électoraliste en vue d'attirer les voix du Front national vers le parti présidentiel qui craint une grande défaite aux élections régionales. Certainement conscient de la nécessité de sortir d'un guêpier dans lequel il s'est mis tout seul, le pouvoir, a révélé Eric Besson, tiendra un séminaire gouvernemental «dans les 15 jours», à l'issue duquel le président Sarkozy «prendra la parole et annoncera des décisions et des orientations». Pour Besson, «une chose est sûre : le débat se poursuivra». Un débat que Sarkozy voudrait recadrer et lui donner un sens républicain. Mais est-ce encore possible tant il a été pollué par une dérive de fixation et de stigmatisation sur l'islam et l'immigration, ainsi que par les multiples dérapages de ministres et de députés de la majorité ?Le même sondage est également instructif sur un sujet qui mobilise la classe politique depuis une trentaine d'années : le droit de vote des étrangers aux élections municipales. Ce sont 58% de Français qui se déclarent favorables à ce droit de vote, déjà accordé aux étrangers de l'Union européenne. C'est un argument de taille du gouvernement qui vient de tomber.