Bien que le sujet soit stéréotypé, bourré de clichés et sans aucune nouveauté, le spectacle Houa ou'hia (Lui et Elle) présenté par le théâtre de Mascara sur les planches du Théâtre national algérien, vendredi dernier, dans le cadre du programme «Carte blanche pour les théâtres régionaux» a bien fait rire les spectateurs venus en nombre. Le rideau se lève sur Bakhta, qui, en l'espace de quelques sketches télévisés, s'est imposée comme une véritable star du rire. Elle est accompagnée de Houari, une autre révélation, qui l'a précédé dans le domaine. Mais elle n'a rien à lui envier, en termes de renommée ou de cocasserie. La comique a sorti tout son arsenal en jouant de ses points forts, en l'occurrence, la gestuelle et la diction exagérées, caricaturales. Le spectacle met en scène deux personnages, le fils et sa maman. Houari a atteint l'âge de se marier. Il rêve de ce moment depuis bien longtemps mais hélas trop timide et très respectueux des convenances, il a du mal à l'avouer à sa mère. Aussi, le pauvre jeune homme est-il réduit à exprimer son vœu en usant de mille et une ruses pour le dire à sa mère de manière détournée. Mais cette dernière ne comprend pas les allusions de son fils. Il y a panne dans la communication entre le fils et la mère. Les sous-entendus de Houari sont compris au premier degré par la mère, ce qui engendre des situations loufoques. Les spectateurs rient à gorge déployée. Et quand Houari parvient enfin à se faire comprendre par sa mère, Bakhta s'effondre. Mère de trois enfants, tous mariés et partis sans plus donner de nouvelles, Bakhta a adopté Houari et elle craignait particulièrement l'arrivée de ce jour où il lui annoncerait qu'il se préparait aussi à la quitter. Elle ne voulait pas revivre ce qu'elle a déjà vécu avec ses trois premiers enfants. Atterrée, Bakhta tente de faire barrage au projet de Houari. Elle lui demande de lui payer une omra avant d'aller demander la main de sa belle. Ça ne marche pas. Il accepte. Et toutes les tentatives de Bakhta seront vouées à l'échec. Houari se marie enfin avec Jacqueline, une belle Anglaise qu'il a connue sur un site d'échanges sur le Net. Quelques boutades, du réchauffé, sur les travers de la technologie et le rythme s'essouffle. Une certaine monotonie s'installe jusqu'au final : Houari vit à Londres où sa femme l'exploite, Bakhta sombre dans la déprime et la maladie. Happy-end : Houari revient vers sa maman pour lui tenir compagnie et vivre avec elle ses derniers jours. Rebondissement : Le cœur n'y est plus. Jadis attentionné et aimant, Houari a hâte que sa mère décède. Ces retournements de la situation devaient permettre au duo de sortir de l'image de comiques dans laquelle ils sont enfermés et d'aller vers le burlesque pour donner à leur spectacle une dimension sociodramatique qu'ils traiteraient avec le rire. Mais le sujet est du remâché et le duo n'a pas réussi à se départir de son costume de comique. De plus, le texte accuse des faiblesses et nécessiterait d'être «nettoyé» de tous ces clichés et stéréotypes, qui, même s'ils font rire, sont à pleurer tant ils perpétuent des comportements et des attitudes d'une autre ère. Le public, dont la majorité était composée d'enfants et de familles, a cependant aimé et il gratifie les deux comédiens de chauds applaudissements. W. S.