Photo : Riad Par Nabila Belbachir De nombreux praticiens entre généralistes et spécialistes, auxquels se sont joints des pharmaciens, ont pris part au rassemblement qui s'est tenu, hier, aux environs de 11 h, devant le siège du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Malheureusement, les portes étaient fermées en ce jour de réception. «Cette réaction des pouvoirs publics de fermer les portes est une fuite en avant. Et cette fermeture vous donnera une idée sur le comportement de la tutelle et des pouvoirs publics vis-à-vis des partenaires sociaux. Alors que dans d'autres départements ministériels, ils sont mieux traités et reçus comme le prévoit la réglementation. Ce qui n'était pas la cas pour nous», a argué le docteur Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP). Lui emboîtant le pas, le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique, a souligné que «nous somme en train de mettre à nu les dysfonctionnements de la santé publique en Algérie. Nous sommes dans un système de santé caduc». «L'Algérie qui est aussi pauvre pour dégager une petite enveloppe financière afin de régler le problème des praticiens est en train de dégager beaucoup d'argent pour les autres départements et pour des comptes à l'étranger en termes de corruption», a mis en exergue le Dr Yousfi, le dispositif impressionnant de sécurité mis en place devant le département de Barkat et ses alentours pour empêcher toute tentative d'entrer à l'intérieur du siège. «A nous la matraque, à vous Sonatrach !», scandaient les grévistes. Par ailleurs, l'Intersyndicale, (SNPSSP-SNPSP) a précisé que la prise en charge des cancéreux a toujours été dans le cas du service minimum, jamais on a reporté ou renvoyé un malade quand il s'agit de problème de cancérologie (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie). D'où, l'association «El Fedjr» et l'ensemble de ses adhérents, malades et parents de malades, tiennent à apporter leur soutien à ce mouvement de protestation en disant que «la cause est juste et les aspirations sont nobles». «Nous sommes à l'aise parce que certaines parties essayent d'utiliser la population contre les praticiens ; ils n'auront pas gain de cause pour cela, parce que nous sommes en train de nous défendre car nous sommes, des citoyens et de potentiels malades et on ne peut pas prétendre à des soins à Genève ou à Paris. Nos soins se font ici en Algérie. A partir de là nous sommes les mieux placés pour défendre ce malade. Et ils sont avec nous, il savent très bien qu'ils sont pénalisés, ces jours-ci pour leur intérêt», a fait encore savoir le Dr Yousfi. De son côté, le Dr Merabet a indiqué que «nous sommes en train de fonctionner pour une plateforme de revendications qui porte sur le volet socioprofessionnel, qui n'a rien à voir avec la politique, ou les soubassements politiques dont lesquels veut nous entraîner le Premier ministre». A travers cette action concrète, l'Intersyndicale a affirmé que l'opinion publique est avec «nous». Et de poursuivre : «Ce soutien nous renforce et nous réconforte à aller de l'avant tout en maintenant la protestation en disant barakat ya Barkat. On en a marre !» Pour l'Intersyndicale, le ministère de la Santé est «absent sur toute la ligne, une absence chronique qui se fait à nos dépens, aux dépens des conditions socioprofessionnelles, du travail et de la prise en charge des malade». «Le ministre de la Santé utilise les moyens de l'Etat et de l'administration pour faire dans le parrainage et la promotion du produit syndical pour des entités syndicales qui n'ont ni emprise ni représentativité», a confirmé l'Intersyndicale. Cette dernière a surtout réclamé une intervention pour réguler cette situation et mettre les pouvoirs publics devant leurs responsabilités, le Bureau international du travail et l'Internationale de la fonction publique. Le Conseil national de la santé publique, affilié au Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (SNAPAP), a tenu à exprimer sa solidarité avec les grévistes. Etait également présent à ce sit-in en guise de soutien, le secrétaire général de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADDH), Abdelmoumen Khelil, qui a exprimé la solidarité de la LADDH aux médecins. «Elle est scandalisée par la répression dont elle a été victime. Les médecins ont le droit d'exprimer leurs droits. Nous avons deux missions : le constat pour voir si il y a des dépassements, mais surtout que la ligue soutient leurs revendications qui sont légitimes, conformément aux accords internationaux du travail et des droits de l'Homme», a-t-il soutenu. A noter que, parallèlement, un autre sit-in a été organisé par le Syndicat national des psychologues, qui ont appelé à leur tour, le ministère de la Santé de revoir la grille des salaires et les indemnités. «Nous organisons chaque mercredi un rassemblement devant le ministère pour exiger du ministre la révision de nos salaires et de nos indemnités», a précisé à la presse son secrétaire général, Khaled Keddad. Il a toutefois précisé qu'une réunion devra les regrouper cet après-midi avec le secrétaire général du ministère pour discuter de ce sujet. Mais, encore une fois, la réunion a été reportée à une autre date. Il est à signaler aussi la présence de deux députés du Parti des travailleurs (PT). Des rassemblements similaires ont été organisés devant les Direction de la santé publique (DSP) de plusieurs wilayas du pays, à savoir Oran, Constantine, Ouargla, Annaba, Sidi Bel Abbès et Adrar. N. B. Rassemblement, mercredi prochain, devant le Palais du gouvernement Après le rassemblement, qualifié de «réussite» par ses initiateurs, qui s'est tenu, hier, devant le siège du ministère de la Santé, à Alger, les praticiens de la santé publique vont tenir un rassemblement mercredi prochain devant le Palais du gouvernement. Cette décision a été annoncée hier par l'Intersyndicale composée du SNPSSP et du SNPSP.