El Hachemi Djaaboub a annoncé que l'Etat allait mettre un terme à la spéculation et à la hausse injustifiée des prix de certains produits de large consommation. Pour ce faire, il compte introduire des amendements à la loi sur la concurrence et celle relative aux pratiques commerciales, avec des dispositions coercitives. Le consommateur n'en attendait pas moins. Lui qui voit son pouvoir d'achat s'éroder chaque jour un peu plus. Toutefois, le ministre du Commerce ne dit pas comment ses services comptent s'y prendre pour procéder au contrôle des commerçants. En ce sens que la plupart d'entre eux ne détiennent même pas le document les autorisant à exercer, en l'occurrence le registre du commerce. Mieux. Ils ne possèdent pas de facture. Et c'est là que le bât blesse. Si l'on excepte les honnêtes d'entre eux, tout les autres activent dans la violation de la loi. Comme ils ne travaillent pas avec des documents légaux, qu'ils ne détiennent pas de factures, leurs relations avec les services des impôts se limitent au paiement forfaitaire des contributions. Comment dans ce cas élaborer des lois, les amender ou encore introduire des mesures coercitives ? N'est-ce pas là une manière de se jouer des citoyens, leur donner de faux espoirs ? Parce que, faut-il le souligner, personne n'est dupe. Les mesures annoncées auraient été fortement applaudies et susceptibles de mettre de l'ordre sur le marché si le minimum de conditions étaient réunies. Nous entendons par là l'obligation de procéder à des transactions commerciales par l'utilisation exclusive du chèque bancaire. Cela permettrait, en plus de la facturation, de vérifier la traçabilité des achats/ventes. Cela jugulerait un tant soit peu la spéculation. Ce n'est pas tout. Il faudrait aussi que les agents de contrôle, les inspecteurs du commerce soient exempts de tout soupçon et fassent leur travail sans autre pression que celle que leur dicte l'exercice de leurs fonctions. Car la corruption n'intervient pas uniquement lors des passations des marchés publics ou du truquage des appels d'offres à travers les délits d'initié. Elle intervient également à une échelle plus bas, chez certains inspecteurs de la répression des fraudes. Lesquels, faut-il le souligner, sont faiblement rémunérés, ne disposent pas de moyens. La tentation est énorme, dès lors qu'il y a absence de culture et de civisme. L'Etat est donc appelé à trouver des moyens autrement plus dissuasifs et ne pas annoncer en grande pompe des décisions qui ne servent qu'à entretenir l'illusion. Pour plus d'efficacité, et pour fermer toutes les portes aux spéculateurs qui ont ce génie de contourner les lois et les mécanismes de contrôle, la lutte contre le marché informel doit s'intensifier. Là aussi, il est temps de nettoyer les écuries d'Augias. Le secteur du commerce est infesté de prédateurs et d'opportunistes qui ne ratent aucune occasion de s'enrichir au détriment des maigres bourses des ménages. F. A.