Pour la première fois depuis qu'il est à la tête de la magistrature suprême, Abdelaziz Bouteflika réunira à Alger, le samedi 26 juillet, les 1 541 présidents des Assemblées populaires communales (APC) que compte le pays. L'événement en soi renseigne sur un fait, du reste pas si inédit que cela, à savoir que la gestion de ces Assemblées a atteint un tel seuil d'anachronisme et de perversion que le chef de l'Etat s'est vu contraint de convoquer les «élus du peuple» en vue de livrer sa perception de ce qu'aura été jusque-là le mandat de ces derniers. L'occasion de mettre le doigt sur les maux, rendus par le temps et la longue pratique, indissociables de la fonction d'un maire et de faire des recommandations en vue de corriger les dysfonctionnements chroniques qui se sont greffés tout au long de ces dernières décennies sur l'une des fonctions les plus en rapport avec le quotidien du citoyen. Cette rencontre de trois jours, faut-il le souligner, doit couronner un cycle de formation au profit des élus locaux de l'ensemble du territoire national et qui a été entamé depuis avril dernier par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Que ce soit le chef de l'Etat qui en assure la clôture renseigne sur l'importance que revêt cette question, sachant que la formation des premiers responsables des APC s'inscrit dans le cadre de l'amélioration du rendement de ces derniers à travers leur dotation en moyens humains, financiers et à travers le souci d'une mise à niveau de leurs connaissances quant aux missions et responsabilités réelles qu'impliquent leurs fonctions. Et au-delà, réinstaurer la relation de confiance, depuis longtemps perdue, entre l'élu et l'électeur qui n'est «considéré» que pendant les échéances électorales lorsque le premier a besoin de sa voix pour obtenir le siège le plus convoité de la commune. Un pas important a été franchi par l'Etat en procédant à l'effacement des dettes des APC pour leur permettre de fonctionner. Mais en dépit de cet effort, il reste encore beaucoup à faire. Corruption, malversations, pots-de-vin, abus de pouvoir, despotisme… Autant de maux qui «collent» à la peau de «l'élu du peuple» et qui fait se détourner de lui l'honnête citoyen qui ne sollicite que ses droits fondamentaux, en premier lieu celui au respect et à la dignité. Ce retour à la «normale», faut-il le noter, passe aussi par une meilleure considération des prérogatives des «élus du peuple» qui se plaignent d'avoir les «mains liées». Les prérogatives supposant aussi des responsabilités, ce n'est que lorsque le président de l'APC en est conscient qu'il peut imposer et recevoir, à son tour le respect du citoyen. Premier responsable de sa commune, il est appelé à incarner l'Etat de droit. Le blocage de nombreuses APC à la suite de leur renouvellement le 29 novembre 2007 a démontré les enjeux mais aussi les malaises que ces dernières peuvent symboliser. Même s'il est vrai que l'élu du peuple est précisément choisi par ses concitoyens, il n'en demeure pas moins que l'Etat est aussi appelé à sévir sévèrement lorsque celui-ci fait preuve d'abus de cette confiance. Il n'est pas exclu par ailleurs que le chef de l'Etat aborde, à l'occasion de cette rencontre, d'autres questions mais tout aussi liées à la gestion des PAC : en premier lieu, la révision des codes communal et de wilaya et le nouveau découpage administratif. Ce texte est en phase de finalisation et devrait être soumis au Parlement dès la prochaine session, celle de l'automne, selon les récentes affirmations du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni. Ces projets, faut-il le rappeler, s'inscrivent dans le cadre de la réforme de l'Etat initiée pendant le mandat du président de la République, conformément aux recommandations de la commission Missoum Sbih. «Cette nouvelle organisation administrative tend à impulser le développement, à trouver de meilleures réponses aux problèmes du citoyen, à atténuer la tension dans certaines wilayas à forte concentration de populations et à consolider la présence de l'Etat dans les régions frontalières qui vivent des problèmes bien particuliers. Toutes ces mesures veilleront à assurer un découpage équilibré des communes au niveau des wilayas et à réduire les distances entre les communes pour une meilleure gestion de proximité», avait déclaré le chef de l'Etat dans son discours du 5 juillet dernier devant les cadres de l'Armée et de la Nation, à propos de la nécessité d'un nouveau découpage administratif. Le chef de l'Etat pourrait, enfin, bien aborder d'autres questions liées à la scène politique nationale notamment : ayant été pourtant annoncé pour ces jours-ci, le projet de révision constitutionnelle fait durer le suspense. M. C.