La bataille du solaire est déjà lancée. Afin d'assurer leur approvisionnement en énergie électrique solaire, les pays occidentaux ont recours aux acrobaties les plus spectaculaires. Les grandes manœuvres ont d'ores et déjà commencé, tellement l'enjeu est énorme. En clair, plus d'une vingtaine de multinationales, surtout allemandes, veulent rapidement poser les jalons de la production de courant électrique solaire en Afrique du Nord et de sa livraison en Europe pour couvrir 15% de ses besoins. Ce projet, appelé Desertec et évalué à 400 milliards d'euros, prévoit d'installer en Afrique du nord et au Moyen-Orient, une vingtaine de centrales solaires de 5 GW chacune. L'électricité serait transportée en Europe via des câbles sous-marins en courant continu à haute tension et pourrait fournir 15% des besoins de l'Europe en énergie. Les concepteurs de ce projet se montrent optimistes quant à sa réalisation, d'autant que l'évolution rapide sur le plan technologique est l'un des facteurs stimulants. Toutefois, ce gigantesque projet ne manque pas de contradicteurs dotés de solides arguments. Pour une fois, l'enjeu semble être avant tout d'ordre économique et politique plus que technique. En effet, les technologies nécessaires existent et fonctionnent déjà. En revanche, la construction d'un réseau d'approvisionnement traversant la Méditerranée et s'étendant sur au moins 2 000 kilomètres est très coûteuse. L'ensemble du projet pouvant, selon les experts, monter jusqu'à 400 milliards d'euros sur plusieurs années. Par ailleurs, même s'il devrait être plus facile pour l'Union européenne de régler un conflit d'intérêts avec l'Algérie qu'avec la Russie, certains s'interrogent sur un projet qui, au bout du compte, ne diminue pas la dépendance énergétique de l'Union européenne. D'autres protagonistes, mettant en avant les facteurs géopolitiques, indiquent qu'il s'agit bel et bien de colonialisme, avec une autre forme. En décodé, les grands groupes et les multinationales continuent leurs «croisades» pour créer de vastes implantations en Afrique… même habillés en vert. Et les exemples ne manquent pas. Et comme la charité bien ordonnée commence toujours par soi-même, la future énergie solaire saharienne sera, de prime, destinée… à chauffer l'Europe. Que feront alors les pays maghrébins, dont l'Algérie qui dispose d'un gigantesque potentiel solaire ? Si, à présent, le Maroc et la Tunisie semblent séduits par un tel projet, du côté de l'Etat algérien rien ne semble clair sur ce sujet, et aucune décision n'a été prise, hormis l'annonce du P-DG du groupe privé Cevital qui semble intéressé par ledit projet. Sur ce point, le ministre de l'Energie et des Mines avait indiqué que la politique algérienne en matière d'énergies renouvelables est «simple et transparente, fonctionnant selon les principes de la majorité au partenaire algérien, transfert de l'engineering et de la technologie, production d'équipements en Algérie et ouverture du marché européen à l'exportation de l'électricité à partir de l'Algérie». L'enjeu est énorme… S. B.