Photo : hacène De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Avec le double objectif d'intéresser les enfants au 7e art et, à terme, d'amener l'éducation nationale à ouvrir une classe de cinéma dans chaque école primaire, une association oranaise de promotion de la culture, en l'occurrence l'association Chougrani, a lancé l'ambitieux programme «Ciné mardi» qui prévoit la projection, tous les mardis après-midi à la Cinémathèque d'Oran, d'un film à 80 ou 90 élèves, qui pourront également prendre part à des débats sur le monde du cinéma. «Cette action, que l'on voudrait pérenne, est destinée à tous les élèves du cycle primaire de l'ensemble de la wilaya et non seulement de la ville d'Oran», insiste-t-on du côté de l'association basée dans le quartier Ibn Sina (ex-Victor Hugo). Plus de 20 films sont programmés pour être projetés tout au long de l'année à environ 30 000 élèves, au cours de cette manifestation culturelle élaborée en coopération avec la direction de wilaya de l'éducation nationale. Jusqu'ici, les enfants n'avaient été que très modérément ciblés par des actions visant à les intéresser au cinéma. Il y a bien eu les séances des lundis et jeudis, organisées par la même Cinémathèque, notamment à l'occasion de la projection de films à succès ou de dessins animés célèbres, mais jamais dans un cadre aussi clairement défini. «Cette fois, il semble qu'il y ait réellement convergence entre la société civile et les pouvoirs publics dans un projet aux contours plus ou moins clairement définis. Il reste à savoir si le projet perdurera dans le temps et, surtout, si l'objectif annoncé d'ouvrir des classes de cinéma dans les écoles sera réalisé un jour», relève un père de famille épris de cinéma. Il est vrai que les difficultés occasionnées aux enseignants et aux élèves par la surcharge des emplois du temps à cause du nombre élevé de matières inscrites aux programmes des écoles dans le cadre de la réforme de l'éducation n'incitent guère à l'optimisme. «Ma fille est seulement en deuxième année primaire et, déjà, elle étudie une dizaine de matières. Vous trouvez cela normal ?» interroge le même père en soulignant que le dessin et la musique, dans les écoles depuis des décennies, n'ont toujours pas la même «valeur» que les autres matières ni ne bénéficient pas de la même attention auprès de l'éducation nationale. «Je suis séduit par le projet Ciné mardi, mais, franchement, je reste sceptique quant à son avenir, au regard de l'état de dégradation auquel le cinéma algérien est arrivé, de la situation du parc cinéma, de la disparition des ciné-clubs...».Pour autant, il n'est pas interdit de faire des rêves et encore moins de vouloir les réaliser. Et c'est ce que fait l'association Chougrani qui s'est déjà illustrée pour ses actions, notamment pour la promotion de la condition féminine et son implication dans la solidarité avec les populations défavorisées.