Le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a annoncé hier à Genève, à l'ouverture du quatrième Congrès mondial contre la peine de mort qu'une commission internationale sera créée pour un moratoire universel d'ici à 2015. Cette commission «sera opérationnelle au deuxième semestre de cette année», a déclaré M. Zapatero, dont le pays assure la présidence de l'Union européenne. Si plus des deux tiers des pays membres des Nations unies, soit environ 140 pays, ont aboli la peine de mort ou appliquent un moratoire sur l'exécution des peines, «nous ne pouvons nous contenter de cela», a-t-il estimé. La commission réunira «des personnalités de haute autorité morale et au prestige reconnu internationalement de toutes les régions du monde» et s'appuiera sur un groupe de représentants de gouvernements engagés pour l'abolition de la peine capitale, a encore expliqué M. Zapatero. «Je suis sûr que le travail de la Commission et du groupe seront d'une grande aide pour réussir à mettre en application un moratoire universel effectif en 2015 comme étape précédant une abolition totale», a-t-il précisé. Une nouvelle résolution appelant à un moratoire sur les exécutions doit être présentée en automne lors de l'Assemblée générale des Nations unies qui avait adopté des textes similaires en 2007 et 2008, a rappelé M. Zapatero. A l'ouverture du congrès réunissant jusqu'à demain plus de mille représentants gouvernementaux, organisations de défense des droits de l'Homme et chercheurs, l'ancien ministre français de la Justice Robert Badinter a rappelé qu'en 1981, année où la France a aboli la peine de mort, 35 Etats seulement l'avaient précédée. «Mesurez le chemin parcouru ! Aujourd'hui, l'abolition est légèrement majoritaire dans le monde», s'est-il exclamé, estimant que «ce n'est pas pour autant qu'il faut s'arrêter». Quelque 90% des peines capitales sont exécutées par cinq pays : la Chine, l'Iran, l'Arabie saoudite, les Etats-Unis et le Pakistan. R. I.