Photo : S. Zoheïr Par Y. Bouarfa Une victoire a le propre d'apporter la quiétude. C'est ce que nous espérons pour que s'améliore un rendement collectif encore loin d'être parfait. Lors des précédentes sorties,ce fut un peu mieux que face au Mali en CAN mais ce fut quand même laborieux face à la Côte d'Ivoire et décevant, voire alarmant devant la Serbie. C'est le premier constat à la suite de la troisième défaite consécutive de notre onze national en autant de rencontres en quelques mois. Globalement, l'Algérie, très mal inspirée, en panne d'imagination, même avec la nouvelle tête du Racing Santander Medhi Lacen, n'a pas pesé lourd dans la balance. Au niveau de la disposition, tout d'abord, notre onze nous a paru jouer sur une bande de soixante-dix mètres et moins. Une telle disposition sera tout simplement catastrophique face à des équipes aguerries. Nous avions l'impression, et nous osons même l'espérer, que les consignes données à la pause ont été interprétées différemment puisque très souvent l'équipe était coupée en quatre ou cinq, avec des espaces très importants, un flanc droit inoccupé pour ne pas susciter l'inquiétude entre les lignes. Il y eut, ensuite, un manque évident de créativité dans l'organisation du jeu chez des joueurs presque mécaniques à l'exception de Karim Matmour, seul élément doté d'une technique respectable, avec Antar Yahia, bien sûr, qui, lui, revenait de blessure et n'eut pas, et c'est tout à fait compréhensible, son rendement habituel. La manœuvre fut ainsi, tout au long du match, prévisible sans qu'il y ait une correction dans le mode opératoire. Pas de jeu dans les intervalles, pas de renversements ni de triangulations. Face à un bloc organisé, ce sont des armes très efficaces. Il y eut, enfin, les apports des nouveaux venus ou qui jouent leur second match pour certains. Lacen Medhi semble prendre confiance, Amri Chadli est à revoir. Sur ce plan et tant qu'on n'a pas décidé de la liste des éléments qui feront le voyage en Afrique du Sud, les essais sont permis, même si, par ailleurs, il est temps de parfaire les schémas en comptant à chaque fois sur un noyau dur. Mais, puisque la porte n'est pas encore fermée, il y a des joueurs offensifs, en dehors, bien sûr, de ceux déjà cités. On parle, entre autres, de l'éventuelle venue de Adlane Guedioura (Wolverhampton/Angleterre), du gardien de but Michael Fabre (Clermont foot/France), de Sofiane Feghouli (Grenoble/France), de Rafik Boudebbouz (Sochaux/France) et de Mohamed Chakouri (Charleroi/Belgique) qui brillent cette saison et qui peuvent apporter de la vivacité, améliorer la moyenne technique d'ensemble et constituer de sérieuses solutions de rechange. Nous pensons également à Djamel Mesbah, qui fait des merveilles à Lecce en série B (Italie) et peut renforcer le milieu et l'attaque et en pointe, et à Cherfa qui peut jouer à gauche. Ces essais pourraient s'avérer salutaires si certains éléments, n'ayant pas encore pris place dans leur onze respectif, n'arrivaient pas, malgré les efforts pour revenir à leur niveau d'antan. Tant qu'on est dans les essais, pourquoi pas après tout ? Dernière remarque sur les nécessaires automatismes. Au Mondial 2010, dans le groupe qui est le nôtre, il est clair que ce sera, comme l'a si bien dit le coach Saadane, «difficile pour tout le monde». Néanmoins, face à une ossature qui n'a pas les capacités techniques et morphologiques des vrais Fennecs, le salut devrait provenir de l'application tactique, de la vitesse d'exécution et de la surprise dans le mouvement et le jeu. Ces derniers chapitres, qui nous semblent encore en friche, devraient être travaillés différemment sur les quatre-vingt-dix-neuf jours restants. Certes, jusqu'au bout du match, la défense avait défensivement mal tenu le coup. Toutefois, l'attaque devant, et malgré la présence de Rafik Djebbour, meilleur joueur lors du dernier match en Grèce, n'a eu aucune emprise sur le match au point de voir le gardien adverse effectuer une seule sérieuse intervention, en dehors, bien sûr, de son coup d'œil sur l'échappée de Karim Matmour qui faisait suite à son tir raté. Aussi sommes-nous tentés de dire que le match face à la Serbie est un début de montée en puissance, avec néanmoins une courbe en légère pente. Une décadence en puissance qui interpelle l'équipe sur certains aspects liés au jeu et à l'ossature. Au niveau du jeu, l'Algérie a livré une première période nettement meilleure que la seconde sans toutefois atteindre les sommets. Durant cette première partie, la sélection a mis de la vitesse dans le jeu, musclé sa récupération et tenté d'utiliser la largeur du terrain avec, parfois, le surnombre grâce à l'apport des latéraux ou des joueurs de l'axe, comme en témoigne l'offensive ratée de Ghezzal, obtenue sur une phase de jeu n'impliquant pas une balle arrêtée. Au-delà de cette action, rien n'a marché ; il nous semble que la sélection n'a pas réussi son test tactique d'une manière plus convaincante.