L'espace sahélo-saharien qui s'étend du Soudan à la Mauritanie est d'une immensité et d'une hostilité naturelle telles qu'aucun Etat ne peut, à lui seul, le contrôler ou le sécuriser. Cette région qui englobe une vingtaine de pays est caractérisée par la pauvreté et l'instabilité politique en raison des luttes ethniques. Ce contexte hérité du colonialisme est exacerbé par les agissements de groupes terroristes et de narcotrafiquants qui ont perdu leurs zones d'influence traditionnelles et leurs réseaux de soutien pour trouver un refuge et un lieu de prédilection dans cette immensité désertique où ils imposent leur loi à des populations laissées pour compte des régimes politiques et économiques. Les actions des groupes terroristes, des tribus armées rebelles contre les pouvoirs centraux, notamment au Mali, au Niger et au Tchad, ainsi que la nouvelle route des narcotrafiquants latino-américains, ont servi d'alibi aux Etats-Unis et à certaines puissances européennes pour justifier leur ingérence dans la région. L'Africom, proposé par les Etats-Unis pour «garantir la sécurité» dans la région sahélo-saharienne a été perçu par la majorité des pays concernés comme un prétexte pour installer des bases militaires dans cette région, qui risque ainsi de devenir une zone de guerre froide entre puissances économiques et nucléaires. C'est à ce titre qu'en 2007, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, s'est rendu au Mali pour les travaux de la grande commission mixte. A cette occasion, une décision géostratégique a été prise : la tenue d'un sommet des pays sahélo-sahariens pour élaborer une stratégie commune pour la sécurité de toute la bande sahélo-saharienne. Cependant, il ne s'agissait là pour certains pays, autant dire la majorité, que d'un engagement formel que contredisent, à ce jour, les pratiques nuisibles au bon voisinage, à la souveraineté africaine et régionale et aux accords bilatéraux et multilatéraux sur les questions sécuritaires, militaires et de coopération. Le Mali n'a manifestement pas cessé sa valse-hésitation entre une stratégie pan-Sahel et ses concessions à peine voilées aux pressions américaines et françaises, elles-mêmes antagoniques. Cette attitude irresponsable de Bamako explique le report ad aeternam du sommet en question qui semble désormais abandonné. Bamako a confirmé le reniement de ses engagements en faveur de la sécurité et du développement de la région sahélo-saharienne en libérant quatre terroristes pour faire plaisir à Paris et pour compliquer la donne sécuritaire au nord du Mali et, par ricochet, aux frontières sud de l'Algérie. Ainsi, Alger se retrouve seul avec Nouakchott, face aux contradictions de Bamako quant à l'impérative stratégie commune pour la sécurité régionale. A. G.