La réunion qui se tient à Tamanrasset entre les chefs d'état-major des armées des quatre pays du Sahel est à la fois technique et politique. Sur le plan technique, il était temps que les responsables militaires d'une zone géographique aussi sensible que vaste se réunissent enfin pour discuter des questions sécuritaires afin, d'une part, de prospecter les perspectives d'une collaboration en matière sécuritaire au vu de la situation prévalant dans le Grand Sahara et, d'autre part, de transcender les discours politiques qui ne cessent d'évoquer cette question sensible qu'est la sécurité régionale et la stabilité des pays. A ce propos, un sommet des chefs d'Etat de tous les pays sahélo-sahariens devait se tenir l'année dernière mais il a été reporté à une date non encore fixée. Cependant, entre l'Algérie et le Mali, la coopération dans le domaine sécuritaire est bien réelle et elle est à la mesure de la menace qui plane sur le nord du Mali et sur les frontières sud de l'Algérie. Le Grand Sahara, qui s'étend de la Mauritanie à l'Egypte, connaît une recrudescence d'activités terroristes, de banditisme, de trafic de drogue et d'armes qui menacent sérieusement la stabilité de pays comme le Mali et le Niger et constituent de fait un risque sérieux pour l'Algérie dans la mesure où ces activités servent les terroristes du GSPC qui s'autofinancent grâce à tous ces trafics et à la prise d'otages. L'Algérie, qui a toujours plaidé pour un plan international de lutte contre le terrorisme, avait attiré l'attention de la communauté internationale sur les risques d'expansion de ce phénomène transnational et sur les mutations qu'il connaît aujourd'hui et les jonctions qu'il a faites avec les différentes entreprises mafieuses latino-américaines, russes et européennes versées dans le trafic d'armes et de drogue. Le choix de l'Afrique subsaharienne comme terrain de prédilection pour ces criminels n'est pas fortuit. La zone située entre la Côte d'Ivoire et la région des Grands Lacs jusqu'au Soudan est un véritable volcan en raison de l'instabilité qui la caractérise et l'insécurité qui a empêché tout contrôle de cet immense espace par les puissances publiques des Etats de la région. Cela a donc permis aux groupes terroristes, mafieux et aux trafiquants de tout bord d'y trouver refuge et d'y mener leurs activités criminelles sans être inquiétés. Cette situation incontrôlable a servi d'alibi aux puissances étrangères pour y intervenir et aux Etats-Unis pour proposer d'y installer des bases militaires sous prétexte de lutter contre le terrorisme. L'Algérie, qui s'oppose à ces plans interventionnistes, a toujours exprimé son souhait de voir les pays sahélo-sahariens, notamment, se prendre en charge et constituer un front régional de lutte contre le crime organisé, source d'instabilité dans la région. A. G.