L'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) ne semble pas avoir apprécié le fait que des privés aillent s'approvisionner en blé dur sur les marchés internationaux. Ils le font parce que la conjoncture actuelle des prix du blé est bonne. Est-ce de bonne guerre ? Est-ce la loi du marché ? A priori, l'OAIC est dans une logique qui se tient : les opérateurs privés s'approvisionnent auprès de lui quand cela les arrange, une attitude qui ne l'agrée pas car elle lui est préjudiciable, l'OAIC pouvant voir ses importations cumulées, affectées. Et ces privés en seront la cause. Il y a quelques années, l'Office algérien interprofessionnel des céréales détenait le monopole sur le marché des céréales. Ce dernier n'a été ouvert aux privés qu'à la fin des années quatre-vingt. Cette libéralisation permet aux privés de négocier les prix à l'importation des céréales, comme le fait l'OAIC sur les marchés internationaux. Sauf que les opérateurs privés disposent d'un avantage que l'office n'a pas, celui de pouvoir se soustraire à certaines conjonctures défavorables. Il y a quatre à cinq ans, le privé refusait d'importer du blé tendre parce que affecté par la rouille jaune. Une situation qui avait donné lieu à des conséquences à la limite du upportable : des importations en moins en matière de blé tendre et une envolée des prix de la farine panifiable. Que fallait-il faire ? L'OAIC avait suppléé aux quantités de blé tendre dont avait besoin le marché. La loi l'y oblige, pendant que le privé scrute l'évolution des marchés. Et si le marché était approvisionné au gré du privé, du minotier ? La défection à l'époque des privés, ajoutée à d'autres paramètres, a été à l'origine de la levée de boucliers provoquée par les boulangers. Ceux-ci estimaient qu'ils ne rentraient pas dans leurs frais, le coût de revient de la baguette de pain ayant substantiellement augmenté. Il y avait eu un mouvement de contestation des boulangers. La suite, on la connaît. Opaque qu'elle est, l'attitude des importateurs privés dont il est question n'avait cependant pas fait réagir les minotiers, leurs partenaires clés. En Algérie, comme dans beaucoup d'autres pays, la production locale en blé, à l'instar d'autres produits dépendant de la pluviosité, est aléatoire. Aussi l'Algérie recourt-elle à l'importation de céréales. Y. S.