Les transformateurs, l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et le ministère de l'Agriculture semblent modérer leur ton au sujet de cette mini-crise autour du blé, les trois parties ayant tenu une réunion jeudi dernier et essayé d'aplanir ce dossier. Il est vrai que rien de concret n'en a été dégagé mais qu'il y a volonté de s'entendre sur l'essentiel et que le conflit ne risque pas de s'envenimer davantage ; la «guerre» des trois n'aura ainsi pas lieu. L'ambiance de la rencontre de jeudi dernier n'a rien de commun avec le courrier dont ont été destinataires, il y a quelques jours, des meuniers ; les missives contenaient des propos peu amènes. Le FCE a animé, le jeudi 18 mars, en début d'après-midi, une conférence de presse, pour mettre au clair un certain nombre de questions. Elément fondamental et générique dans le propos du président de cette organisation patronale : il n'est pas question de tourner le dos à la production locale. Ce qu'on veut, c'est que l'OAIC améliore la qualité du blé, la qualité de ses produits, explique Reda Hamiani. La qualité pose un sérieux problème parce que, lorsqu'elle n'y est pas, ce sont les meuniers qui en feront les frais ; ils se feront taper sur les doigts par les agents des DCP. Et puis, les consommateurs exigent la qualité de ce qu'ils mettent dans leur assiette, souligne de son côté le patron du groupe Benamor, présent à cette conférence de presse. Des échantillons de produits dérivés, des produits de bonne qualité, de moindre qualité et de mauvaise qualité ont été montrés aux journalistes présents à cette rencontre. Faut-il alors jeter «l'opprobre» sur le blé local ? Le FCE a essayé de lever la nuance, l'amalgame, notant que ce n'est pas la qualité du blé algérien qui est en cause dans cette histoire, mais le fait que le blé ne soit pas nettoyé comme il se doit. L'OAIC disposant de moyens de stockage vétustes semble être dépassé, vouloir se débarrasser des quantités de blé qui encombrent ses silos. D'où cet ultimatum donné aux transformateurs : au 1er juin prochain, s'ils ne reprennent pas l'approvisionnement auprès de l'Office, ils seront rayés de la liste des clients. Reda Hamaini estime à six cent mille tonnes les surstocks de blés dur et tendre de l'OAIC. De quoi couvrir trois à quatre mois de consommation nationale. La question des stocks, le comité interprofessionnel de céréales regroupant les producteurs, les transformateurs et l'OAIC va certainement en discuter ultérieurement et trouver une solution. La création de ce comité est un élément essentiel sur lequel se sont mises d'accord les parties prenantes de la réunion du jeudi 18 mars évoquée plus haut. Le fait que cette rencontre ait eu lieu, c'est «un signe positif», juge le président du Forum des chefs d'entreprise. Autre aspect abordé, à la faveur de la conférence de presse de jeudi, le contrôle des navires important du blé pour le compte des transformateurs. «On préfère le contrôle à l'arrivée au contrôle à l'embarquement, le fournisseur pouvant délivrer des certificats de complaisance, se faisant payer, et se volatilisant dans la nature», recommande Reda Hamiani. Et d'ajouter que, si jamais le blé importé -pourtant contrôlé au départ-s'avère avarié, infecté, le transformateur ne saura qu'en faire, car même le jeter à la mer lui est impossible. Le marché des céréales est ouvert aux privés. Ces derniers négocient le prix à l'international, comme le font les privés partout ailleurs. Ils importent en fait les quantités dont ils ont besoin, car celles fournies par l'OAIC aux transformateurs ne représentent que cinquante pour cent de leurs besoins. Pour ce qui se rapporte aux produits dérivés des céréales interdites à l'exportation, le président du FCE a déclaré que cette proscription a «tué» toutes les tentatives d'exportation, a mis en jachère des capacités excédentaires de transformation estimées actuellement à 300%. Y. S.