Les transformateurs ont jusqu'à la fin du mois en cours pour exprimer leurs besoins. Il faut “déstocker” en moyenne 1 million de qx/mois afin de se préparer pour la prochaine récolte de septembre. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Dr Rachid Benaïssa, veut mettre de l'ordre dans la filière céréalière. Rongée par une série de problèmes multiples, cette organisation a, depuis longtemps, souffert d'une inefficace prise en charge de la part des pouvoirs publics. De par son importance sur la scène économique et sociale du pays et la sensibilité de différentes céréales produites pour la sécurité alimentaire, Dr Benaïssa compte impliquer tous les intervenants dans sa stratégie. Première démarche : réactiver et réhabiliter le Comité interprofessionnel des céréales (CIC). C'est autour de cet organe consultatif que démarrera le recentrage de la politique céréalière. Du moins, c'est l'objectif principal du ministre. Dans ce cadre, une réunion, première du genre, a regroupé, jeudi dernier au siège du ministère, l'ensemble des acteurs de la filière. Céréaliculteurs, transformateurs et transporteurs ont rencontré leur autorité hiérarchique officielle, en l'occurrence l'Office interprofessionnel (OAIC), sous l'égide du ministre. L'initiative est on ne peut plus louable puisqu'elle était attendue par les professionnels depuis plusieurs décennies. À vrai dire, ce sont les divers dysfonctionnements de l'OAIC et autres contraintes auxquelles font face les acteurs qui ont poussé le département de M. Benaïssa à réagir dans l'immédiat et provoquer cette rencontre. Celle-ci s'est avéré une opportunité inouïe pour les invités afin d'évoquer leurs préoccupations et d'en débattre avec le ministre de tutelle et les autres responsables. De prime abord, ils déplorent, à l'unanimité, leurs difficultés à prendre contact avec la direction de l'OAIC. “Il est plus aisé d'être reçu par le ministre de l'Agriculture que par le directeur général de l'OAIC !” lancera tout de go un des intervenants. Toutefois, la question centrale débattue concerne le sort des 6 millions de quintaux de blé dur produits sur champ en 2009. Ce stock doit être liquidé avant la prochaine récolte prévue en septembre prochain. De ce propos, Rachid Benaïssa propose aux semouleries d'exprimer leurs besoins à l'OAIC avant la fin du mois en cours. Ainsi, il est souhaité que l'office vende aux transformateurs en moyenne 1 million de qx/mois. L'autre sujet qui a suscité l'attention de tous les présents a trait à la qualité du blé des agriculteurs. Les meuniers ont soulevé la présence d'un taux au-dessus de la normale, estimé à 25%, d'impuretés. Devant une telle situation, ils demandent aux céréaliculteurs de procéder à un nettoyage plus approfondi de ces déchets. “Et pourquoi ne pas installer des stations de nettoyage sur les champs ?” suggérera un des intervenants. Car, arguent-ils, leur clientèle exige une meilleure qualité de leur farine ou de leur semoule. Le consommateur devient, en effet, de plus en plus exigeant sur la qualité. Il existe en outre une catégorie de minotiers, plus à l'aise financièrement, qui préfèrent importer le blé, pour sa bonne qualité, de l'étranger. Ceux-là enregistrent une forte demande sur leurs produits qui trouvent acheteur immanquablement. Ce n'est pas le cas des autres transformateurs qui s'approvisionnent chez l'OAIC. Ce qui dénote d'une concurrence déloyale sur le marché. Certains transformateurs déplorent également le fait que l'OAIC ne les approvisionne qu'à hauteur de 50% de leurs besoins en blé. “À cause de ce manque d'approvisionnement, nous travaillons un jour sur deux. Ce qui, par conséquent, nous pousse à recourir à l'importation”, relèvera M. Zerraïmi, P-DG du groupe SIM. Concernant la possibilité d'exporter l'excédent de l'orge produit en 2009, le ministre indiquera que toutes les mesures seront prises en ce sens et l'éventualité d'échange avec le blé tendre, que continue d'importer le pays, n'est pas à écarter.