Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi «Maintenant, le médicament générique, j'ai confiance», ce slogan qui a marqué dernièrement le premier Salon international sur le médicament générique tenu à Alger n'a pas encore obtenu l'effet escompté sur la population et encore moins dans le secreur de la paharmacie. Les patients prisent toujours la molécule de base et tournent le dos au générique au motif qu'il agit moins bien que le princeps. Le produit français demeure le plus demandé dans les officines notamment quand il s'agit d'antibiotiques prescrits aux enfants en bas âge. «Le générique, ça ne me convient pas. Pour de simples maux de tête, il m'est apparu qu'il n'allège pas ma douleur», témoignera un homme encore suspicieux sur l'efficatcité optimale du substitut. Un autre, lui emboîtant le pas, met l'index sur les fortifiants à base de vitamine C, indiquant que «par le passé un simple cachet effervescent pris en fin d'après-midi entraînait des insomnies. Avec ces nouvelles marques ‘‘imitées'', on pourra en prendre autant qu'on veut sans crainte d'insomnie…». Il va sans dire que les avis sont majoritairement divergents sur l'efficacité du générique aussi bien chez les consommateurs que chez les pharamaciens. La disproportion demeure de taille mais tempérée par la réduction des princeps importés, voire le manque. «L'absence de certains médicaments importés nous oblige à nous rabattre sur ce qui est disponible», se plaint une malade dans une pharmacie. Si paradoxal que cela puisse paraître, il est des patients qui boudent même les produits importés d'autres pays que l'Hexagone, qu'ils soient arabes et/ou européens, à l'image de l'Italie ou de la Jordanie. Quoique ces derniers aient fait un bond remarquable dans la production pharmaceutique. Pour dissiper les doutes sur le générique et entreprendre une démarche managériale apte à le placer en tête des prescriptions médicales, toute une chaîne devrait y contribuer. Elle va du médecin au ministère de la Santé, en passant par les producteurs, les importateurs, les distributeurs et les pharmaciens. Questionné sur d'éventuels mécanismes devant redonner au produit en quetion une place sur le marché du médicament, un docteur en pharmacie dira sans ambages : «De prime abord, il faudra intéresser les pharmaciens par des marges bénéficiaires supplémentaire comprises entre 10 et 20%. Les médecins spécialistes sont aussi appelés à s'impliquer davantage dans la promotion du générique. Et le service inhérent à la prospection clôture le dispositif.» Actuellement, des laboratoirs outre-mer, conscients des profits «juteux» qu'ils peuvent en tirer, mettent sur le terrain tous leurs délégués médicaux qui visitent spécialistes et offcines pour «vendre» leurs produits. A ce titre, expliquera notre interlocuteur, «le générique en Algérie devrait prendre l'exemple en matière de promotion et s'appuyer sur des spécialistes convaincants». En clair, il devra investir le marché avec une volonté politique associant de grands laboratoires, des producteurs algériens et le tout sera régi et régulé par la tutelle et le département du commerce. «Mais lorsqu'on voit des médecins tourner le dos à cette politique, comment veut-on que le malade soit rassuré sur la fiabilité du médicament ?» s'interroge le pharmacien. En matière de facturation, on apprend que certains génériques dépassent le coût des princeps, toutes taxes comprises. Sur le chapitre relatif à la poduction, notre interlocuteur doute fort que la décision du ministre de la Santé, Saïd Barkat, portant sur la suppression de l'importation au terme de l'année 2011 et l'obligation faite aux importateurs d'investir dans la production pharmaceutique, n'aboutisse. Arguant cela par le fait que «la majorité des importateurs ou actuels producteurs restent à l'état quasi embryonnaire dans le créneau de production». S'y ajoute l'éternel problème de la disponibilité de la matière première qui est importée. «Si les labos attribuent les brevets et la molécule de base, il n'en est pas de même pour les bonnes recettes», précise-t-il en expliquant que l'efficacité du générique dépend de la qualité et du dosage approprié de l'adjuvant, qui demeurent les éléments de base de son efficience et, par ricochet, de sa bonne commercialisation. En effet, «certains malades trouvent un effet apaisant dans quelques médicaments génériques». Au final, il s'agira de baliser le chemin des labos censés produire pour parvenir à réduire les importations des médicaments. Or, cette réduction ne peut être effective que lorsque les génériques fabriqués localement s'imposeront sur le marché, non seulement par leur efficacité par rapport aux princeps, mais aussi, et surtout, par leur présence en quantité suffisante. Or, la pénétration du marché exige la mise en place d'une production performante et d'un circuit de distribution et de commercialiasation concurrentiel, donc disposant des mêmes armes et arguments commerciaux que ceux utilisés par les concurrents (promotions, mesures incitatives, cadeaux…).