L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) réagit à la spéculation sur les marchés pétroliers, mettant en garde contre les risques qu'elle fait peser sur les prix du pétrole. C'est, a-t-elle dit, un «fléau» à l'origine d'une grande volatilité «néfaste» pour l'économie mondiale. L'organisation pétrolière estime, par la voix de son président, l'Equatorien Germanico Pinto, que les cours du pétrole, après deux ans de grande volatilité, ont retrouvé actuellement «des niveaux plus stables et plus réalistes» qui «profitent à tous». Il s'exprimait au cours d'une conférence sur les matières premières organisée par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) à Genève. Il note toutefois que cette stabilité relative pourrait être remise en cause par une «spéculation excessive», qui a déjà «posé de nombreux problèmes» au début de la crise économique. Et d'analyser que cette spéculation a fait que «le marché a été marqué par des facteurs qui n'ont rien à voir avec l'offre et la demande», jugeant nécessaire d'éliminer ce «fléau» par une meilleure régulation. Ce point de vue se superpose à celui émis par le ministre d'Etat de l'Energie et de l'Industrie du Qatar, Mohamed Saleh Al-Sada. Ce dernier dira que l'on ne pouvait «passer sous silence» le rôle des spéculateurs dans la volatilité des prix du pétrole en 2008-2009. La spéculation est, selon lui, un élément «particulièrement déstabilisateur» pour les marchés, ajoutant : elle crée des élans qui provoquent «des mouvements de prix masquant les signaux du marché». Il faut dire que ce «fléau» est en train de saper le travail de stabilisation des marchés fourni par l'OPEP. Celle-ci, réunie le 17 mars dernier à Vienne, a décidé de maintenir inchangés ses quotas de production fixés officiellement à 24,84 millions de barils par jour (mbj). L'organisation viennoise s'accommode des cours actuels du brut qui tournent autour de 80 dollars le baril. Un problème l'inquiète, cependant, celui de la reprise de l'économie mondiale qui demeure, aux yeux ses experts, encore fragile. L'OPEP craint que les pays développés n'abandonnent, au milieu du gué, les plans de soutien à la croissance qu'ils avaient initiés dans le sillage de la crise financière mondiale. L'organisation pétrolière fournit 40% de la production mondiale de brut et recèle 80% des réserves de la planète. Y. S.