La loi portant achèvement des constructions risque de ne pas atteindre son objectif à temps. La situation prévalant sur le terrain près de deux ans après la promulgation de ce texte laisse apparaître des lacunes qui en freinent la faisabilité, et un état des lieux qui n'a pas changé d'un iota. Cette loi pèche par son insuffisance, selon des architectes qui estiment que la régularisation des édifications doit se faire sur la base de l'élaboration d'une cartographie du patrimoine immobilier existant dans l'ensemble des communes du pays, et tenir compte des spécificités de chaque région. Ce qui va se produire aussi, comme le craignent, c'est que celle-ci ne fera que légaliser l'illégal en permettant la mise en conformité de constructions illicites érigées dans l'irrespect des lois de l'urbanisation. Mais aux yeux de la plupart des citoyens concernés par cette question, la cherté des matériaux de construction demeure le principal obstacle à la finition de leurs constructions. Le ciment place la barre très haut, échappant à tout contrôle du fait de sa commercialisation sur un marché parallèle qui le met hors de prix, ce qui pénalise les entrepreneurs du bâtiment et les citoyens désirant bâtir une maison individuelle ou ceux ayant lancé les travaux. Le chantier est immense. Deux millions de constructions inachevées sont enregistrées à travers le territoire national et leur achèvement n'est pas près d'aboutir. L'élaboration de la loi 08-15 du 20 juillet 2008 portant mise en conformité des constructions et faisant obligation aux citoyens ayant entamé des constructions individuelles de terminer les travaux ne semble pas avoir pris en compte tous ces paramètres. Mieux, la crise économique n'a pas été sans accentuer la dégradation du pouvoir d'achat des citoyens. Nombreux sont ceux qui ne pourront pas respecter l'échéance fixée par cette loi du fait de l'impossibilité d'accéder aux matériaux de construction. Pour beaucoup, l'ambition de bâtir un logement individuel risque fort de rester à l'état embryonnaire, à l'image de ces carcasses à peine sorties de terre. R. M.