Le football algérien ne favorise guère l'épanouissement des jeunes joueurs. C'est là un constat amer que dressent tous les techniciens avertis non sans omettre d'exprimer une vive inquiétude quant à l'avenir de notre football. En effet, il est plus que jamais opportun de s'interroger sur le devenir du sport roi en Algérie au regard de l'exclusion dont sont victimes les joueurs de moins de 20 ans dans notre championnat national. A l'heure où tous les observateurs du football appellent à former la relève qui permettra à notre pays de se hisser au top niveau mondial, nos clubs continuent à aligner dans leurs rencontres des joueurs âgés de 36, voire 37 ans. Cette politique s'inscrit en faux contre la réglementation adoptée par la Ligue nationale de football (LNF) qui impose depuis le début de cette saison à l'ensemble des clubs des Championnats d'Algérie de football de D1 et de D2 d'aligner à chacun de leur match un minimum de deux joueurs de moins de 21 ans. Pour rappel, cette disposition remplace celle concernant l'incorporation de joueurs juniors en équipe seniors, compte tenu de la création prochaine, mais qui tarde toujours, du championnat national des moins de 20 ans (U20). Toutefois, aujourd'hui, force est de constater que cette politique de rajeunissement des effectifs qu'a voulu instaurer la FAF n'a guère eu l'effet escompté. Et pour cause, selon des statistiques établis par la LNF, le Championnat de DI ne compte que 33 joueurs (7,22%) âgés de moins de 20 ans. Certes, ce nombre demeure plus important que celui des saisons précédentes, mais il reste que 90% d'entre eux ne sont pas titulaires. En revanche, le nombre de joueurs âgés de plus de 30 ans ne cesse d'augmenter (45 joueurs), puisqu'ils ne représentent pas moins de 10% des joueurs de DI, sachant que 81% d'entre eux sont des titulaires indiscutables. Aussi, dans certaines formations, les jeunes ne jouent pratiquement jamais et l'effectif est composé uniquement de vétérans. A titre d'exemple, le MC Saïda, l'AS Khroub, l'USM Annaba et le CA Bordj Bou Arréridj sont les formations qui renferment les joueurs les plus âgés de la DI, avec 27 ans de moyenne d'âge. Par ailleurs, il est à souligner que notre championnat ne compte qu'un seul joueur de moins de 19 ans (né en 1990). Il s'appelle Rebbouh Nazih et il est signataire au CABBA. En même temps, on remarque que, parmi les vétérans, dix-sept joueurs sont âgés de 35 à 38 ans, à l'image de Dziri (37 ans) ou de Djilani (38 ans). Par comparaison, le championnat français compte près de 50 joueurs nés dans les années 1990, dont plusieurs sont d'origine algérienne comme Yanis Tafer (1991) à Lyon ou Omar Benzerga (1990) à Lille. On y trouve aussi des joueurs nés en 1991 et 1992 comme le Belge Eden Hazard qui a disputé 30 matches avec Lille la saison passée. Tous ces jeunes joueurs ont apporté énormément de tonus à leur équipe et sont pour beaucoup dans leurs performances. Ce manque de sang frais explique ainsi largement la baisse de niveau et les multiples contre-performances de nos clubs. Une mentalité rentière ronge dès lors nos clubs de football et empêche tout progrès sportif. Pour remédier à cette situation, la FAF a corrigé habilement le tir sur la disposition obligeant les clubs à incorporer au minimum deux juniors en tant que titulaires en équipe seniors pour les clubs de D1 et D2. En effet, c'est dans le paragraphe relatif aux sélections nationales qu'on peut lire que, désormais, les joueurs nés en 1989 devront figurer dans le onze rentrant au lieu de joueurs nés en 1990. Mais, encore une fois, sur le terrain, les clubs continuent à piétiner cette disposition et les vétérans ne cèdent toujours pas leur place aux jeunes. A croire que personne ne veut de ces jeunes joueurs. En les écartant, notre football rejette en réalité son avenir. En Algérie, tous les chemins, y compris celui du football, mènent vers l'esprit sclérosé. A. S.