Photo : Riad Par Amirouche Yazid Sans motif économique réel, les commerçants balisent pour une hausse des prix des fruits et légumes. Une hausse substantielle est, en effet, enregistrée depuis quelques jours dans les marchés du pays, y compris dans ceux communément appelés marchés de l'informel. Surpris par cette flambée injustifiée, les consommateurs se trouvent obligés de subir la loi des vendeurs. Pour eux, il s'agit bien d'une mercuriale annonciatrice d'un mois de ramadhan dur à gérer pour les ménages tenus d'affronter, quelques jours plus tard, une rentrée scolaire et son lot de dépenses en vertigineuse hausse. La parenthèse des prix abordables de certains produits alimentaires n'a pas duré longtemps. Un constat que chaque Algérien peut vérifier ces jours-ci au marché ou chez le vendeur du coin où les prix ont doublé. «La salade est à 80 et 100 DA le kilogramme, alors qu'elle était vendue à moins de 40 DA au cours de la semaine dernière. Même chose concernant le prix du poivron qui a doublé», témoignent des pères de famille estomaqués par la fièvre des prix. La situation n'est pas sans pousser les citoyens à revoir leurs dépenses en espérant voir le gouvernement prendre des mesures porteuses et efficaces. L'attente du consommateur est d'autant plus légitime que le pouvoir d'achat de l'Algérien est jugé très faible. Officiellement, une série de mesures ont été prises dans l'objectif d'empêcher la machine spéculative de sévir. Dans ce sens, le gouvernement a ciblé les produits les plus consommés par les Algériens. Le gouvernement a ainsi pris des mesures visant la régulation des produits de large consommation comme la pomme de terre, la viande, la tomate et l'oignon. Doté d'une enveloppe de 3 milliards de dinars, «ce système ne se veut pas une solution de conjoncture, mais sera appliqué dès qu'une abondance de production est enregistrée dans la récolte d'un produit», estime-t-on au niveau du ministère de l'Agriculture. Mais le soutien par l'Etat des prix de large consommation n'arrange pas assez le consommateur qui ne doit pas subir des prix ne répondant pas à la loi du marché. Le marché vit une situation un peu déroutante où l'abondance des produits ne génère pas une réduction des prix. Au niveau de la direction des prix et du contrôle, on estime que l'Etat peut intervenir dès que les prix échappent à toute logique. Les citoyens consommateurs n'accordent pas de crédit à une telle thèse. Pour eux, le marché en Algérie évolue sans tenir compte de la moindre loi. Ce qui est loin d'être faux : l'outil de contrôle des prix étant la facturation, cette dernière n'a jamais été un souci pour les spéculateurs. Contrôler la marge bénéficiaire du commerçant ? La réglementation ne prévoit pas des mesures dans ce sens. «Le commerçant a la latitude de pratiquer la marge bénéficiaire qu'il veut, allant de 10 à 100%, dans la mesure où le marché est libéralisé», nous indique un responsable au niveau de la direction de la concurrence et des prix. Le gouvernement prévoit également le plafonnement des prix de la semoule et de la farine, comme il a annoncé la création d'un office dont la mission est de veiller sur une stabilisation des prix du marché. Mais depuis quand une institution, aussi outillée soit-elle, a pesé dans la définition des prix en Algérie. La population n'ignore pas les règles de fonctionnement du marché qui n'obéit à aucune réglementation.