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Les partisans de Thaksin veulent de nouvelles législatives anticipées Difficiles tractations entre les «Chemises rouges» et le gouvernement thaïlandais
La crise politique thaïlandaise a amorcé, dimanche dernier, une nouvelle étape après deux semaines de pression que des milliers de partisans de l'ex-Premier ministre, Thaksin Shinawatra, avaient exercée sur le gouvernement d'Abhisit Vejjajiva. Celui-ci avait fini par proposer aux «Chemises rouges» de se mettre autour d'une table pour trouver une solution à ce conflit qui met en péril l'avenir du pays. Le premier round des négociations s'est achevé sur un échec après le refus du Premier ministre de répondre favorablement à l'une des conditions posées par les délégués de l'opposition, consistant à dissoudre l'actuelle assemblée parlementaire. «La dissolution de la Chambre ne pourra survenir que si nous estimons que c'est la seule issue possible pour le pays tout entier et pas seulement pour les Rouges», a déclaré Abhisit Vejjajiva, à l'adresse des trois responsables des Chemises rouges. Ces derniers cherchent en fait à réhabiliter leur leader, l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, dans ses fonctions en tenant de nouvelles élections législatives. «Nous vous demandons de dissoudre la Chambre d'ici à deux semaines. Quelle que soit votre décision, si nous discutons demain, je veux que vous preniez en compte cette condition», lui a dit en fait Jatuporn Prompana, l'un des dirigeants du mouvement contestataire. «Si vous êtes confiant dans l'issue du scrutin, vous devez redonner le pouvoir au peuple», a poursuivi Jatuporn. Les travaux de la réunion qui s'est tenue dans un établissement scolaire ont été diffusés en direct à la télévision d'Etat. Thaksin Shinawatra a, lui aussi, pu participer à cette réunion par vidéoconférence à partir de Dubai où il vit exilé depuis sa sortie de prison en 2008. Il avait été emprisonné après son renversement en 2006 pour sa présumée intention de comploter contre la monarchie, son affairisme et son populisme envers les couches défavorisées du pays. D'ailleurs, la quasi-majorité des militants «rouges» est issue de la population rurale qui accuse les élites au pouvoir de les marginaliser socialement, politiquement et économiquement. M. Thaksin donne régulièrement des instructions aux dirigeants des Rouges tout en demandant à près de cent mille manifestants de s'unir pour chasser le pouvoir en place. «Certains disent que cela a été négatif pour les Rouges parce qu'Abhisit est un bon orateur, mais il manque de sincérité», a déclaré M. Thaksin. «Nous devons nous unir, continuer à nous battre et à nous soutenir mutuellement», a-t-il ajouté. Devant le bâtiment abritant le siège du gouvernement, des milliers de manifestants suivaient avec attention le déroulement des discussions entre le Premier ministre et les trois délégués qui ne veulent en aucun cas céder sur l'une de leurs revendications. Les Chemises rouges qui contestent la légitimité d'Abhisit Vejjajiva estiment que l'ex-Premier ministre a été renversé après avoir été réélu. Une raison pour laquelle ils demandent le départ immédiat de l'actuel chef du gouvernement, refusant d'attendre les prochaines élections prévues en principe en décembre 2011. Thakisn Shinawatra, grand patron du secteur des télécommunications, espère revenir par la grande porte à la tête du gouvernement thaïlandais en participant aux futures législatives. Ces partisans tentent, en effet, de négocier son retour au pays et la levée de toutes les poursuites judiciaires contre lui. Pour les couches rurales qui militent pour sa réhabilitation, il est le seul homme politique à être capable de réunir tout le peuple thaïlandais autour d'un seul objectif : le développement économique, la prospérité et la justice pour tous. Mais les attentats qui ont marqué leurs manifestations en avril 2009 les ont fortement décrédités aux yeux d'une partie des Thaïlandais et de la communauté internationale qui suit de près le développement des événements à Bangkok. Leur nouvelle manifestation qui a débuté il y a près de trois semaines a été aussi perturbée par plusieurs attaques à la grenade dont certaines ont ciblé des bâtiments gouvernementaux. En dépit de ces actes de violence, les «Chemises rouges» n'ont cessé d'affirmer le caractère pacifique de leur lutte pour arracher leurs droits. Pour prouver leurs bonnes intentions, ils avaient accepté l'offre de dialogue du gouvernement même s'ils avaient affiché ouvertement leur scepticisme quant à la réussite de ces négociations. Le fait marquant depuis le début de la crise, c'est celui de la neutralité des forces de sécurité et de l'armée qui demeurent jusque-là à l'écart. Il est vrai que le gouvernement a ordonné le déploiement de 55 000 membres des forces de sécurité à travers différents quartiers de la capitale, il demeure que son rôle se limite à l'encadrement des rassemblements et des marches, afin de prévenir tout éventuel attentat qui risque de faire dégénérer ces démonstrations de rue en violents affrontements. Le gouvernement de Abhisit Vejjajiva est conscient de la gravité de la situation, d'où son insistance à ouvrir des négociations avec les Rouges, quand bien même il serait obligé de céder sur certaines conditions posées par les contestataires. Mais il faudrait attendre les résultats du deuxième round des pourparlers qui devait commencer hier soir. Une chose est cependant certaine : les négociations ne seront pas faciles et il ne sera pas aisé de convaincre les «Chemises rouges» de lever le camp et de libérer les rues de la capitale thaïlandaise Bangkok. L. M.