Photo : A. Lemili Belle image que celle présentée par l'invasion des espaces verts, bois situés à la périphérie de l'ensemble des communes de Constantine. Plus nombreux que l'année dernière à la même période, l'avènement du printemps, les Constantinois ont littéralement pris d'assaut prairies, plaines, rives de cours d'eau, quoique infréquentables en raison de leur pollution, forêts, le week-end dernier pour décompresser d'une semaine de travail, en général difficile, et pour n'importe quelle raison, et fournir aux enfants le moyen de dépenser de l'énergie, de se redonner des couleurs et de connaître un peu plus la nature.Elles étaient donc des centaines de familles à avoir rejoint les grands espaces vendredi et samedi derniers. Et il importait peu pour la majorité de ces familles de posséder ou non un véhicule parce qu'en fait ce ne sont pas les espaces boisés qui font défaut dans la région. D'ailleurs, à trois cents mètres du centre-ville, les habitants de la ville des Ponts ne disposent-ils pas avec le bois de «la Cuvette» d'un réservoir d'oxygène incomparable. Et si les habitants du chef-lieu de wilaya s'y sont forcément rendus au moment où d'autres motorisés ont préféré se rendre à Djebel Ouahch ou à El Meridj, il en a été de même pour ceux du Khroub qui n'ont eu qu'à traverser la voie ferrée pour rejoindre la forêt d'El Baaraouïa. A Hamma Bouziane, Aïn Smara, Didouche Mourad, Aïn Abid, Ben Badis etc, toutes les périphéries de ces communes étaient agréablement colorées, animées. Si les jeunes se sont adonnés à d'énormes et interminables parties de football, les petits ont plutôt choisi d'improviser des balançoires, de sauter à la corde, de courir. Les jeunes filles qui apprennent avec une aisance déconcertante, tant il ne faut pas grand-chose pour qu'elles prennent langue les unes avec les autres, et mutuellement se connaître, parlent de projets d'avenir, s'échangent des numéros de téléphone. D'autres, plutôt romantiques, ne lâchent pas leur téléphone mobile, l'ambiance bucolique et le cadre sylvestre aidant. Toutefois, la journée doit finir et, si les retours sont parfois, toutes proportions gardées, déchirants pour certains, il n'en demeure pas moins qu'ils le sont certainement pour les lieux et l'aspect dans lequel ils sont hélas laissés. Rares, effectivement, sont les familles qui, en retournant chez elles, prennent le soin de laisser l'endroit tel qu'elles l'ont trouvé. Tout ce qui a été ramené dans les bagages : bouteilles et sachets en plastique, boîtes de biscuits et de boissons, emballages en tout genre sont abandonnés sur place sans qu'aucune des personnes composant les villégiateurs d'un jour n'ait le moindre état d'âme. Dans le bois de Baaraouïa, nous avons tenté d'en parler avec une dame âgée, parce que les vieux sont généralement plus regardants, elle nous répondra très confuse : «Ya Oulidi maak el hak» (Oui mon fils, cela est vrai) et même si elle demandera à ses petits-enfants de ramasser les restes, le ressort était malheureusement déjà cassé. Nous avons tenté la même remarque avec un père de famille à l'allure incontestable d'intellectuel, sauf que sa réponse n'avait rien d'intellectuel. «Si Mohamed ! A Constantine, il y a des centaines d'unités industrielles qui salopent l'environnement. Ce n'est pas une boîte de fromage vide ou une bouteille d'eau qui va bouleverser l'écosystème local !» Clair, net et précis. Donc deux belles journées pour ceux qui ont eu l'idée de sortir, de faire plaisir à la famille et de se faire plaisir. En ce qui la concerne, la nature en dira-t-elle autant ?