Photo : S. Zoheir Par Amar Rafa Les performances macro-économiques de l'Algérie restent robustes en 2009 en dépit de la crise économique mondiale et des ondes de choc qu'elle a provoquées à travers le monde. La Banque d'Algérie explique, dans son Bulletin de conjoncture n°33 relatif aux tendances monétaires et financières du second semestre 2009, que, malgré l'effet du choc externe, à savoir l'évolution défavorable des prix des hydrocarbures, sur la situation budgétaire et sur la balance des paiements extérieurs courants, de telles performances macroéconomiques sont en phase avec celles des huit dernières années qui ont suivi le retour à la stabilité macroéconomique en 2000, notamment grâce à des politiques financières prudentes. Pour l'année 2009, avec un prix moyen du baril de pétrole brut en diminution de 37,88% par rapport à l'année 2008, les exportations d'hydrocarbures totalisent 44,36 milliards de dollars, correspondant à une forte contraction (-42,53) par rapport à l'année 2008 (77,19 milliards de dollars), ajoute-t-on. En rythme semestriel, les exportations des hydrocarbures au titre du second semestre 2009 sont évaluées à 24,39 milliards de dollars contre 19,97 milliards de dollars pour le premier semestre. Il est souligné en outre, que les cours du baril de pétrole brut qui ont fortement baissé à partir de juillet 2008, passant de 111,51 dollars le baril au premier semestre à 88,22 dollars au second semestre 2008, sont restés à un niveau conjoncturellement bas au premier semestre 2009. Si l'effet prix est le principal déterminant de la forte contraction des recettes d'exportation des hydrocarbures en 2009, en contexte de variabilité importante des prix du pétrole, la croissance négative des exportations en volume (-9,76%) a alimenté l'effet du choc externe sur la balance courante des paiements extérieurs, note le bulletin. La forte diminution des exportations hors hydrocarbures en 2009, s'élevant à 0,67 milliards de dollars contre 1,40 milliards de dollars en 2008, a constitué un autre élément de vulnérabilité même si la contribution de cette catégorie d'exportations à la viabilité de la balance des paiements courants reste très faible, a-t-on indiqué. En revanche, l'année 2009 a été marquée par une relative stabilisation des importations des biens et services. Ainsi, le niveau d'importation des biens s'est établi à 37,73 milliards de dollars en 2009. Cette diminution des importations de biens en 2009, matérialisée au second semestre, a concerné principalement les produits alimentaires (-25,64%), l'énergie et les lubrifiants (-17,85%) et les produits bruts (-14,78%). Les importations de biens de consommation ont également reculé en 2009 (-4,71%), en contexte de régulation prudente et de renforcement du dispositif de traçabilité des opérations avec l'extérieur. Par contre, les biens d'équipements industriels ont poursuivi leur trend haussier au rythme de 14,90% contre 30,59% en 2008. Les demi-produits ont également enregistré une faible progression en 2009 (2,34%) par rapport à l'année 2008 (40, 95%). Explications : la poursuite du programme d'investissements publics et l'augmentation du rythme des investissements du secteur des hydrocarbures ont contribué, dans une certaine mesure, au caractère soutenu des importations des biens d'équipements industriels et des demi-produits. Si la diminution des services importés au titre de la rubrique transport (2,95 milliards de dollars en 2009) est liée à celle des importations de biens, la progression des «services bâtiment et travaux publics» (2,98 milliards de dollars, et la forte augmentation des «services techniques aux entreprises» (4,10 milliards de dollars) s'explique principalement par les importations de services au titre des infrastructures publiques, c'est-à-dire dans le cadre de la réalisation du budget d'équipement de l'Etat et par certaines entreprises du secteur des hydrocarbures. Au total, note le Bulletin de la Banque d'Algérie, le niveau élevé de la demande d'importations des biens et services en 2009 n'est pas en phase avec l'évolution des fondamentaux économiques et celle de la balance des paiements, à mesure que l'économie algérienne reste tributaire des exportations d'hydrocarbures qui ont chuté en 2009. Par ailleurs, sous l'angle des autres transactions courantes avec le reste du monde, le solde des revenus des facteurs et celui des transferts courants a poursuivi leur amélioration en 2009. La Banque d'Algérie a, en abordant les investissements directs étrangers, indiqué que le niveau des flux nets d'investissements directs de l'année 2009 (2,32 milliards de dollars) est appréciable après l'augmentation significative enregistrée en 2008. Pour l'année 2009, les flux d'investissements directs étrangers sont pour l'essentiel, au titre d'entrée de capitaux, liés à l'augmentation de fonds propres des banques et établissements financiers étrangers opérant en Algérie, consolidant la stabilité financière du secteur bancaire en contexte de crise financière internationale et de crise économique mondiale. D'autre part, l'excédent du compte capital et opérations financières de la balance des paiements de l'Algérie en 2009 représente une performance particulière qui permet à l'Algérie de faire face au «choc externe» de grande ampleur inhérent à la situation de très forte contraction des financements extérieurs pour les pays émergents et le durcissements de leurs conditions. Après la performance particulière de l'année 2008, où l'excédent a culminé à 36,99 milliards de dollars, la balance des paiements globale de l'année 2009 a clôturé avec un excédent de 3,64 milliards de dollars, selon la Banque d'Algérie, estimant qu'une telle performance conforte davantage la position financière extérieure de l'Algérie et témoigne de sa résilience. La Banque d'Algérie reste la principale source de devises sur le marché interbancaire des changes, souligne-t-on, en précisant que le taux de change effectif réel du dinar à fin 2009 est resté proche de l'équilibre, avec une dépréciation moyenne d'environ 2%. Également, le taux de change conduit par la Banque d'Algérie est bien en phase avec la stabilité externe, elle- même ancrée sur une solidité marquée de la position financière extérieure nette de l'Algérie.