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Garantir ses biens immobiliers n'est pas ancré dans les mœurs
Constantine
Publié dans La Tribune le 31 - 03 - 2010

De notre correspondant à Constantine
Nasser Hannachi
En dépit des multiples textes régissant le domaine des assurances «multirisque habitation» (MRH) et des effets des catastrophes naturelles, des lacunes restent à combler, notamment en matière de vulgarisation et de sensibilisation. «La population n'a pas acquis cette culture de garantie», laisse-t-on entendre du côté des assureurs.Si l'assurance automobile n'était pas obligatoire et sujette à des contrôles rigoureux, les conducteurs n'auraient certainement pas assuré leur véhicule. Cette appréciation est aussi valable pour l'immobilier qui, lors d'une quelconque vente ou achat, exige des deux parties concernées un contrat d'assurance à présenter au notaire pour entériner l'option. Toutefois, la nécessité d'assurer ses biens n'est pas encore ancrée chez les citoyens, qui jusqu'ici, font généralement fi de cette démarche. Le porte-à-porte qu'effectuent
souvent les représentants des compagnies d'assurances en vue de vulgariser le processus n'a pas encore trouvé en l'effet escompté.
«C'est un secteur qui émerge à peine», témoigne un des ces représentants qui soulignera la lenteur observée dans l'application de la loi suite au tremblement de terre de Boumerdès en mai 2003, et qui oblige les citoyens à contracter une assurance habitat. En effet, l'ordonnance 3/12 du 26 août 2003 relative à l'obligation des assurances contre les catastrophes naturelles et l'indemnisation des victimes, astreint toute personne morale ou physique, autre que l'Etat, détentrice d'un bien immobilier construit en Algérie, à souscrire à un contrat d'assurance de dommage garantissant ce bien contre des catastrophes naturelles. Mais la fourchette espérée par l'Etat est loin d'être atteinte. Des sources concordantes confirment que les 50% escomptés par les promoteurs de cette assurance n'ont pas été atteints. Des statistiques de l'année dernière révèlent une adhésion de 15% à l'échelle nationale dont 5% à Constantine. «Il est rare de voir un citoyen se présenter dans une succursale d'assurance pour protéger son domicile contre ce type de catastrophes. Pourtant, cette assurance est obligatoire», explique l'opératrice d'une compagnie d'assurance. Autrement dit, le citoyen ne prend une assurance que s'il y est obligé et, surtout, sachant qu'il pourrait être contrôlé et verbalisé dans le cas où il n'aurait pas souscrit à une police d'assurance. S'agissant des clauses types de l'assurance susmentionnée, il faut savoir que «la garantie couvre le coût des dommages matériels directs subis par les biens assurés, à concurrence de leur valeur fixée au contrat et dans la limite» en chiffres, 80% pour les constructions à usage d'habitation et 50% pour les installations industrielles et commerciales. Pour les assurances multirisque habitation et
multirisque immeuble, la compagnie couvre les dommages causés aux biens assurés par «les événements d'incendie, la chute de la foudre, les explosions de toute nature, notamment des gaz servant au chauffage, à l'éclairage et à la force motrice…». En somme, tout un canevas est mis en place pour couvrir les pertes matérielles en cas de catastrophes, mais en vain.Pour de plus amples informations, nous nous sommes rapprochés de la Compagnie algérienne d'assurance et de réassurance (CAAR), qui, sans ambages, évoquera la réticence des citoyens à se prémunir contre ces types de catastrophes. «Seuls les propriétaires d'usines consentent à protéger leurs biens car la loi l'exige. D'ailleurs, tous ces dossiers que vous voyez ici leur appartiennent. Pour ce qui est des propriétaires de biens immobiliers, ils ne se présentent qu'en cas de transaction», dira une employée de l'agence. «Les biens à assurer restent tributaires de la première évaluation souscrite, à l'exception des objets de valeur comme les bijoux, fourrures, argenterie et orfèvrerie en métal précieux. Car il faudrait établir des estimations à partir de factures et comme la plupart de ces objets n'en ont pas, on les exclut du contrat», explique-t-elle.Nos sources attestent que ce n'est pas le montant en dinars à mettre dans l'assurance qui gêne le citoyen, mais l'absence d'une culture. Plutôt qu'appliquer strictement le règlement, mieux vaut opter pour la vulgarisation et la sensibilisation afin d'influer sur le comportement des citoyens et les convaincre à se plier à cette «immunité».


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