Les salaires que perçoivent les Algériens ne couvrent même pas leurs besoins «primaires». C'est là une réalité qui se confirme d'une année à une autre alors que la cherté de la vie ne cesse de transcender tous les seuils imaginables de l'entendement. La flambée des prix des produits de première nécessité n'a, en effet, jamais connu une telle intensité que durant ces deux dernières années. Certains légumes et fruits frôlaient des prix si hallucinants que la majorité des Algériens ne pouvaient même pas rêver de lesconsommer. Dans ce contexte, force est de constater que la grille des salaires des Algériens n'a guère évolué et ce, en dépit des quelques augmentations difficilement consenties par les pouvoirs publics aux travailleurs de la fonction publique. Des augmentations dont l'effet a été semblable à un coup d'épée dans l'eau. Pour prouver ce constat amer, l'Intersyndicale autonome de la fonction publique a réalisé récemment une étude à ce propos au cours de laquelle il a été démontré que le smicard algérien ne peut couvrir que 26% de ses besoins minimums. Autrement dit, il est impossible avec un million et demi de centimes de tenir plus d'une semaine, explique-t-on. Au même moment, les smicards marocain et tunisien couvrent, selon cette même étude, 32% des besoins minimums. Il y a lieu de souligner à ce sujet que le smicard algérien ne peut répondre aux besoins de sa famille que durant une semaine. Cette étude a, par ailleurs, distingué deux catégories de salariés algériens. Ceux de la classe «A», dont le salaire se situe entre 15 000 et 25 000 DA, soit une proportion importante de fonctionnaires dans l'éducation, la santé et les services, ne peuvent couvrir que 52% des besoins minimums par mois contre 64% pour les Marocains et 51 pour les Tunisiens. Quant à ceux de la classe «B», ils peuvent avec leur salaire, couvrir tout le mois (104%). Au Maroc et en Tunisie, un travailleur de cette catégorie peut couvrir ses besoins minimums respectivement à 159 et à 131%. Cette étude de l'Intersyndicale autonome donne également un aperçu du calcul du coût de la vie dans notre pays et du salaire correspondant. Ainsi, pour la nourriture, il ne faut pas mois de 14 200 DA, le logement et l'énergie 8 000 DA, autres frais 7 500 DA, et pour la prise en charge de 3 enfants, plus de 8 600 DA sont nécessaires. Ce qui représente, au bout du compte, 38 300 DA. «Cela pour que l'Algérien couvre seulement ses besoins vitaux», précise-t-on. Dans ce sens, plusieurs observateurs s'élèvent pour réclamer un SNMG à 40 000 DA afin de permettre à l'Algérien de vivre dignement et dans des conditions décentes au regard de la cherté excessive de tous les produits de première nécessité. Une cherté qui va crescendo alors que les salaires n'évoluent qu'au compte-gouttes. A ce rythme, des pans entiers de notre société se dirigent vers la paupérisation. Quel avenir se profile pour les Algériens à la bourse modeste ? A. S.