La détermination et la combativité se lisent sur les visages défaits des enseignants contractuels en grève de la faim depuis quinze jours. Quinze longues journées où ils ne prennent que de l'eau et du sucre pour pouvoir se maintenir. Les enseignants ne fléchissent pas. «Nous sommes bien décidés à aller au bout de notre action. Ce sera notre intégration en tant qu'enseignants permanents ou la mort…» lancent des femmes occupées à remplir des papiers pour certaines et à parler au téléphone pour d'autres… tout un travail où elles ne comptent que sur elles-mêmes pour s'assurer une mobilisation maximale des autres enseignants contractuels autour de leur revendication. Les 45 enseignants en grève de la faim ne quittent pas le siège du Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique (SNAPAP) où ils ont décidé d'observer leur action protestataire sauf lorsqu'ils sont évacués à l'hôpital de Z'mirli pour une perfusion de sérum. Plusieurs fois, les grévistes ont été évacués à l'hôpital dans un état critique. Cela n'empêche pas le ministre de l'Education nationale, M. Boubekeur Benbouzid, de maintenir les mêmes déclarations faites avant que commence ce mouvement de protestation. Le ministre est catégorique : «Aucune intégration n'est possible sans passer le concours.» Alors que ce ne sont pas tous les contractuels qui ouvrent réellement droit au concours, comme le témoigne cette enseignante de mathématiques, titulaire d'un diplôme d'ingénieur en électrotechnique : «Je n'ouvre pas droit au concours parce que je suis ingénieur.» Et cette dernière de crier sa colère contre le ministère et tous les représentants des pouvoirs publics : «Ils poussent les gens au suicide… à prendre le large et se tuer en mer…» Sa collègue abonde dans son sens et affirme pour démentir les déclarations de M. Benbouzid au sujet de leur travail en tant que contractuels : «Nous ne sommes pas des suppléants. Nous ne remplaçons pas des enseignants pour quelques jours ou quelques mois. Nous sommes des contractuels pour une année complète, renouvelable.» Les enseignants en grève de la faim affichent une détermination sans faille à poursuivre leur action : «Nous n'avons pas peur de mourir. Autant mourir digne que de subir ce mépris.» Rappelons que des syndicats autonomes, des partis politiques et des représentants de la société civile ont exprimé leur soutien aux enseignants contractuels. Ils ont appelé à un rassemblement demain devant le ministère de l'Education nationale. K. M.