Ce n'est un secret pour personne, le problème de toilettes publiques se pose avec acuité dans les villes algériennes, notamment les grandes agglomérations. Il est indispensable qu'il y en ait pour éradiquer l'insalubrité urbaine. Les boulevards principaux de la capitale ne disposent pas de «petits coins» pour se satisfaire un besoin naturel. Pis, des cités construites sans qu'il soit réservé un espace de choix pour les infrastructures de ce genre. Il faut être pris d'une urgence pour comprendre tout le supplice de ne pas avoir un endroit pour se soulager. Dans une ville comme Alger, qui est la capitale, vous pouvez parcourir des kilomètres sans trouver d'endroits décents pour se soulager «d'un besoin biologique». Au niveau du centre-ville par exemple, on compte au maximum cinq à six toilettes publiques dont l'une se trouve à Aslah Hocine, une autre aux environs de la Grande Poste. Eparpillés dans la capitale, ces lieux de «soulagement» sont généralement au service seulement des hommes. Et dans certaines villes du pays, ces toilettes sont parfois inexistantes. Cette absence des toilettes publiques conduit les populations en majorité masculine à se soulager n'importe où. Les hommes sont obligés de chercher un coin perdu dans une ruelle pour satisfaire un besoin naturel, laissant derrière eux un effluve nauséabond et des odeurs répugnantes qui se répandront dans l'atmosphère des heures ou des jours durant. Les femmes et les enfants, quant à eux, doivent prendre leur mal en patience… Dans les lieux publics, les écoles, les parcs, les cafés, les restaurants, les gares… les toilettes et les vespasiennes sont les lieux les plus négligés. Et paradoxalement, ces lieux «d'aisance» se transforment en cauchemar. Que disent justement les Algériens à propos des toilettes publiques ? Pour répondre à cette question, une virée dans les alentours de la capitale nous a suffi pour interroger quelques citoyens, dont les avis convergent, notamment en ce qui concerne l'absence de ces lieux «d'aisance» et ils soulèvent leur état lamentable quand ils existent. Fatima, enseignante, pense toutefois que c'est «un véritable problème surtout pour les femmes et les enfants. C'est un supplice que d'avoir un besoin pressant dans la ville surtout pour ceux qui ont du mal à se «retenir». «En Europe, les toilettes publiques sont automatiques. Il n'y a personne qui en assure la surveillance. Vous y mettez une pièce et elles s'ouvrent. Après le passage d'un client, le nettoyage se fait de manière automatique. Les gens peuvent aller aux toilettes publiques même à 2h du matin. Pourquoi ne fait-on pas comme les Européens», dira avec regret Farid, ingénieur en génie civil. «Souvent, en l'absence de toilettes, notamment en compagnie de ma femme et mes deux enfants, nous nous mettons à la recherche du café le plus propre et le plus proche, les commerçants nous regardent de travers ou nous disent que les sanitaires sont fermés pour travaux… à moins que nous commandions un café ou une limonade. Sans parler de l'état des toilettes dont ils gardent jalousement les clés : nauséabondes, infectes et lamentables», déclare Ahmed (cadre). Et d'ajouter : «De nombreux citoyens sont prêts à payer pour avoir des toilettes propres et entretenues.» «Les cafetiers et restaurateurs n'acceptent pas qu'un passant utilise leurs toilettes sans consommer quelque chose en contrepartie», a enchaîné sa femme. Il faut souligner que le manque flagrant de toilettes publiques dans nos villes est une réalité déshonorante pour notre pays. Les concepteurs des plans d'aménagement urbains ne se soucient pas de ce volet. Les toilettes publiques figurent-elles dans le programme d'aménagement urbain, notamment au niveau des communes ? La nécessité de doter les centres urbains de toilettes publiques se pose donc avec insistance. Les usagers, eux aussi, doivent s'impliquer dans ce vaste chantier. Leur participation devra consister à garder les installations propres et ne pas les abîmer. Il y va non seulement de l'amélioration du cadre de vie, mais aussi de l'embellissement des villes algériennes. N. B.