Après avoir testé son efficacité sur le terrain de la récolte et son impact sur le circuit de commercialisation de la pomme de terre, le ministère de l'Agriculture a jugé utile d'élargir le système de régulation des produits agricoles de large consommation «SYRPALAC», instauré depuis quelques semaines, à d'autres produits, à savoir, par degré de priorité, les viandes rouges, la tomate et, enfin, les oignons. Cette initiative était attendue tant ces trois produits connaissent des tensions en différentes périodes de l'année. Pour rappel, la surproduction avait fait chuter le prix de la pomme de terre et il avait fallu l'intervention des pouvoirs publics pour réguler le marché. Les producteurs ont repris confiance en apprenant que l'Etat allait acheter leur production selon un tarif de référence. «Depuis, le volume stocké de pomme de terre ne cesse d'augmenter. Pour preuve, il était de 30 000 tonnes la semaine dernière, il est aujourd'hui à près de 52 000 tonnes [51 700 plus exactement], une quantité qui sera certainement revue à la hausse. C'est dire que nous avons réussi à réguler le marché», a affirmé Rachid Benaïssa, qui s'exprimait hier au siège du ministère de l'Agriculture devant les cadres centraux et un parterre de journalistes. Le satisfecit du ministre n'est pas inventé dès lors que l'on dénombre l'ouverture de nombreuses structures du froid, dans et près des régions à forte récolte, et un engouement certain chez les opérateurs versés dans ce créneau à multiplier leurs efforts pour tenter d'emmagasiner le maximum de pomme de terre. Cette initiative de prendre en charge par la tutelle la surproduction de pomme de terre a par ailleurs «permis, preuve à l'appui, de protéger les revenus des agriculteurs, de professionnaliser leur démarche et de stabiliser le marché tout en préservant le pouvoir d'achat des consommateurs. Ce qui nous a encouragés à étendre cette initiative à d'autres produits. Ainsi, nous allons nous atteler au plus vite à réguler le marché de la viande, une priorité par les temps qui courent», a signifié le ministre. A la question de savoir quelles en seront les modalités, il a rappelé qu'«il est inconcevable de constater que le prix de la viande ovine varie d'une région à une autre. Il est élevé dans les grandes villes et bas à l'intérieur du pays, notamment dans les régions où il y a une forte concentration d'éleveurs. Notre démarche consistera donc à créer des stocks en vifs [moutons vivants] et aussi en congelés. Nous allons cerner tous les éléments partie prenante afin que tout soit clair pour une mise en place efficace de l'outil de régulation». Selon M. Benaïssa il en sera de même pour la tomate et l'oignon. L'autre nouveauté annoncée par le ministre qui concerne directement la production est inscrite dans la loi de finances complémentaire 2008 : prise en charge totale par le ministère de l'Agriculture des intérêts des crédits de campagne octroyés aux éleveurs et aux agriculteurs par les banques et les établissements financiers. Il précisera que l'instrument de prise en charge de cette mesure sera le Fonds national de régulation de la production agricole qui vient d'être adopté à cet effet. Il rappellera que la réhabilitation et le repeuplement des étables ainsi que la réalisation des infrastructures de stockage liées à l'exploitation agricole et les investissements pour l'économie de l'eau, les taux d'intérêts de ces actions seront pris en charge par l'Etat. Le ministre a tenu à souligner au sujet du renouveau économique agricole, une orientation qu'il compte mettre en pratique coûte que coûte : «Il s'agira de mettre en place des actions modernes de production en renforçant l'appareil de formation.» Rachid Benaïssa a promis aux journalistes un prochain rendez-vous pour les éclairer sur la mise en place du système de régulation du marché de la viande.