Devant l'incapacité de réunir les meilleures conditions pour le passage au professionnalisme, les dirigeants du football algérien découvrent un palliatif très populiste. Il consiste à contrôler l'échelle des primes de signatures qu'offrent les clubs aux joueurs de l'élite. Il s'agit manifestement d'une énième défaite de l'idée de professionnaliser la discipline. Annoncé pour la saison prochaine, le projet vient d'être ajourné en lui substituant ce qui devrait être une simple partie de la politique globale censée recadrer la gestion de la discipline. Les conséquences d'une telle diversion ne se résument pas au fait de ne pas respecter ses propres échéances. La nouvelle mesure contient d'autres dérives. La plus visible invite les présidents de clubs à offrir, par des biais informels, des primes aux joueurs dont il serait difficile de connaître la traçabilité. Les promoteurs du professionnalisme en Algérie réduisent l'opération à sa dimension pécuniaire alors que l'argent n'est qu'un élément, sans doute déterminant, de ce passage vers un autre mode de gestion en vigueur dans la plupart des pays, y compris ceux du tiers-monde. Le chantier de la professionnalisation de la discipline est plus vaste qu'on ne peut le réduire, même dans un contexte d'urgence, à une simple opération de contrôle des joueurs. Le supposé exercice de contrôle ne doit-il pas être une étape pratique de la professionnalisation une fois le projet devenu réalité ? Le football algérien doit visiblement se contenter d'un comptoir de contrôle après avoir misé sur une professionnalisation dans laquelle l'argent est supposé circulé dans une totale transparence. Le sort réservé au stade du 5 Juillet est une preuve solide que l'argent débloqué au secteur du sport en général et au football en particulier ne sert ni le sport ni le football. Il est ainsi difficile de croire aux chances de succès de l'idée de professionnaliser la discipline, texte et pratique, quand la pelouse d'un complexe de la dimension du 5 Juillet ne peut pas abriter plus d'un match en une année. D'interminables travaux à coups de milliards n'ont donné lieu ni à une pelouse praticable ni à des projecteurs permettant des spectacles nocturnes. Par pur hasard ou par répartition des tâches, l'annonce du contrôle des primes de joueurs a été suivie par celle de l'installation par le MJS de la commission nationale de relance du football. Entre la professionnalisation promise par la FAF et la «relance» souhaitée par le ministère de la Jeunesse et des Sports, l'Algérie du football ne trouve pas de raisons pour croire à un avenir radieux de la discipline. A. Y.