Photo : Slimene S.A. Pour avoir vécu le milieu du professionnalisme et en tant qu'ancien professionnel, pensez-vous que le projet est viable chez nous ? Vous savez, le professionnalisme chez nous est viable. C'est juste une question de temps. Le temps que l'on maîtrise ses mécanismes. Et qui consiste en quoi ? Dans la rigueur de la gestion des affaires du club mais aussi dans le changement des comportements et des mentalités. Le professionnalisme ce n'est pas uniquement l'argent mais ce sont aussi les idées et surtout sa gestion de manière pragmatique. Il y a énormément d'argent qui circule dans notre football et pour quels résultats ? L'équipe nationale est composée essentiellement de joueurs évoluant à l'étranger et notre championnat n'intéresse plus personne Donc c'est le moment ou jamais de se lancer dans cette grande aventure... C'est le moment, même le président de la République s'est intéressé au dossier en instruisant le gouvernement à mettre le paquet pour cette opération pour être au diapason des dispositions de la FIFA. Il est vrai que les débuts seront difficiles et que l'on rencontre certains problèmes mais ce n'est pas cela qui va nous freiner. Ne faudrait-il pas accorder une certaine transition à l'effet de permettre à tous les clubs de s'imprégner de ce nouveau mode de gestion ? La transition est certes nécessaire dans la mesure où l'Etat accompagnera au départ les clubs. Il les accompagnera pour que toutes les lacunes, et elles sont nombreuses, soient comblées en matière de gestion. Mais cette transition ne doit pas s'inscrire dans la durée. Il faudrait que cela soit rapidement consommé. Avec la mise en place de sociétés, les clubs ne seront plus gérés par deux ou trois personnes mais par un conseil d'administration. Il reste que certains dirigeants de club ont vite trouvé la parade en avançant le statut de Sarl, dont les statuts justement limitent la gestion à une au maximum deux personnes à savoir le gérant et le co-gérant et contrairement à la SPA où ce sont des actionnaires qui s'impliqueront. C'est aux autorités compétentes de veiller sur cet aspect des choses. C'est à elles de placer les garde-fous nécessaires pour justement éviter certaines dérives. Ne pensez-vous pas qu'il y a un risque de voir l'argent de l'Etat détourné de sa vocation première ? L'Etat va mettre de l'argent, ou plutôt va prêter de l'argent aux clubs, mais il est certain qu'il va le contrôler pour éviter justement qu'il ne soit détourné. D'où justement la nécessité de voir ériger les clubs en SPA où l'Etat pourrait aussi être actionnaire pour mieux contrôler l'utilisation de l'argent qu'il mettra sur la table... C'est une bonne chose. Encore une fois les instances de notre football doivent placer des garde-fous. Elles veulent plafonner le montant des primes de signature. Quel est votre point de vue sur la question ? Je pense que c'est une bonne chose. Car il est grand temps aussi de mettre de la rigueur dans cet aspect des choses. Lorsqu'on voit ce qui se dépense pour les joueurs rien qu'en primes de signature et pour quels résultats, il y a de quoi se poser un tas de questions. Aussi, cela permettra certainement à toutes les parties de mieux cerner les choses. Vous êtes manager de la JSMB. Comment est perçue la chose de l'intérieur de ce club ? La JSMB est un club qui a envie de progresser et d'aller de l'avant. Pour ce faire, il sait que le passage au professionnalisme est la seule voie pour notre football. C'est aussi la détermination des dirigeants de ce club et particulièrement de la famille Tiab que de voir leur club atteindre le haut niveau qui passe bien évidemment par un nouveau mode de gestion. La JSMB a lancé l'idée de la création d'une académie de football en vous impliquant dans sa gestion. Où en est ce projet ? Comme je vous l'ai dit, la famille Tiab et les dirigeants de la JSMB ont une envie d'aller de l'avant. Ils ont surtout compris qu'il y a nécessité de mettre les bases nécessaires en créant le cadre de formation par la création d'une académie de football. Je profite aussi de l'opportunité que vous m'offrez pour dire aussi que le professionnalisme n'est pas uniquement le fait du MJS, de la FAF, de la LNF et des clubs mais c'est aussi l'affaire du ministère de l'Education nationale qui doit aussi s'impliquer pour mettre à la disposition des centres de formation et des académies des enseignants de qualité pour que l'enfant puisse allier études et sport. Car en l'état actuel des choses, ce sera très difficile aux clubs de disposer des enfants en pleine période de scolarité. On vous laisse le soin d'arrêter le volume horaire hebdomadaire d'entraînement pour un jeune... A la JSMB et avec les directions de wilaya de la jeunesse et des sports et de l'éducation nationale, nous comptons, en attendant la réalisation de notre centre de formation, mettre en place des classes études comme cela se fait au niveau du lycée sportif de Draria au niveau d'un collège de la ville de Béjaia. Nous attendons la fin des examens d'entrée 1ère année de collège pour lancer une vaste opération de sélection de jeunes ayant subi cet examen pour leur faire subir des tests. Et les 30 meilleurs qui auront entre temps satisfait à leur examen seront retenus pour constituer la première fournée de notre académie. Et pour clore ? Vivement le professionnalisme car c'est la seule voie de sortie pour notre football qui ne cesse de régresser.