«Les choses vont vers une prolongation technique, de quelques mois, de la Minurso.» Le Front Polisario a fêté, hier, le 30e anniversaire du déclenchement de la lutte de Libération du peuple sahraoui contre l'occupant espagnol. Le défilé traditionnel a eu lieu à Ousserd (territoire algérien situé à environ 35 km à l'ouest de la wilaya de Tindouf). En dépit d'une température avoisinant les 40°, les festivités se sont déroulées, sur un air de fête, auxquelles ont pris part des représentants diplomatiques de plus de dix pays dans le monde (Cuba, le Congo, le Ghana, le Lesoto, la Syrie, la Mauritanie, la France, l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne). L'Algérie était représentée par une délégation parlementaire conduite par Bouguetaya, président de la commission des Affaires étrangères à l'APN. L'événement a été également, marqué par une forte présence des médias. Outre une trentaine de journalistes algériens, la presse espagnole a été massivement représentée. Il y avait, notamment des journalistes des titres à gros tirages comme El Pais, El Mundo, ainsi que des télévisions d'Etat et privées. Trente ans après le déclenchement de la guerre de libération, le 20 mars 1973, une situation de «ni guerre ni paix» règne encore au Sahara occidental. Vivant dans une précarité totale, les populations subissent les contre-coups de la politique marocaine et le manque de fermeté du Conseil de sécurité. 30% des enfants sahraouis ne sont pas scolarisés, 60.000 personnes ont été déplacées vers les territoires marocains et 200.000 exilés vers les pays voisins (160.000 en Algérie, 30.000 en Mauritanie et 10.000 éparpillés entre l'Espagne et la France). Ces chiffres, communiqués par l'Association des familles des disparus et des prisonniers, ont fait l'objet d'une lettre adressée aux ONG, à l'ONU et aux autorités marocaines. La situation semble plus confuse, surtout que les chances du règlement du conflit par la paix diminuent. Selon le représentant de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD) auprès de la Minurso, Mohamed Kheddad, «les choses vont vers une prolongation technique, de quelques mois, de la mission de la Minurso». Ce membre de la direction du Front Polisario, affirme que son pays est toujours disponible pour «une solution pacifique, mais juste». Il estime que «le peuple sahraoui est prêt à utiliser tous les moyens pour arracher ses droits bafoués, y compris la lutte armée». Cependant, note-t-il, «le Conseil de sécurité n'a pas encore dit son mot». Cette éventualité de la reprise de la lutte armée a été confirmée par certains responsables militaires du Front Polisario. Ibrahim Mohamed Mahmoud, commandant de la 1re Région militaire du Polisario, déclare à ce sujet: «En tant que militaire et au vu des tergiversations marocaines et leurs blocages, je présume qu'à 70% nous reprendrons la lutte armée.» Interrogé sur la position algérienne sur le conflit du Sahara occidental il répond: «Celui qui doute de la position officielle de l'Algérie est l'ennemi du peuple sahraoui» et d'ajouter: «Les positions de personnes ne regardent que leurs auteurs, d'ailleurs même au sein du Front Polisario nous avons des personnes qui ont trahi.»