Photo : M. Hacène Entretien réalisé par Salah Benreguia LA TRIBUNE : Pouvez-vous nous présenter le groupe Texmaco ? M. Boufrioua : Le groupe Texmaco est issu de plusieurs restructurations de la société mère Sonitex. Il a gardé 24 unités en activité, les autres ayant connu des fortunes diverses. Elles ont fait l'objet de la création d'autres groupes (tout ce qui a trait à la confection). Le groupe Texmaco s'occupe, entre autres, de la production de tissus –habillement, ameublement et industriel- et de couvertures. Nous couvrons à peu près les besoins du marché national, mais pas la totalité, car, comme vous le savez, on vient de sortir d'une grave crise. Le secteur du textile a été frappé de plein fouet par l'ouverture du marché. Justement, le secteur du textile s'anéantissait au fur et à mesure que l'économie algérienne se libéralisait. Pourquoi ? Il ne s'est pas anéanti, car le textile fabriqué en Algérie est un textile de très bonne qualité et qui utilise des matériaux nobles (le coton, le polyester..) et qui sont cotés aux Bourses à l'échelle mondiale. C'est un secteur qui ne savait pas utiliser les rebus et les déchets. Il a donc été confronté dès l'ouverture du marché à des problèmes de prix. Malheureusement, le consommateur ne sait pas ce qu'il achète, car en trouvant un produit algérien un peu cher, il ignore qu'il est noble, contrairement à certains produits venus d'ailleurs. Le consommateur algérien ne sait pas l'innocuité du tissu acheté. Vous savez qu'en Europe on interdit quelques produits venant de certains pays pour leur caractère dangereux et cancérigène. Ici, nos consommateurs ne connaissaient pas tout ces paramètres et avaient été attirés par deux aspects : les bas prix et l'esthétique. Mais, depuis, le consommateur s'est rendu compte de la mauvaise qualité de ces produits, alors que ceux produits localement ont une longue durée de vie et d'utilisation. Et cela s'est répercuté positivement sur notre groupe. On est actuellement en pleine production et notre chiffre d'affaires a dépassé 10 milliards de dinars en 2009. Soit en pleine croissance. Quels sont vos principaux clients ? Nos principaux clients sont des grossistes et des institutions étatiques. On a même exporté du fil vers certains pays européens. Ainsi, après la crise qui a secoué ce secteur, on commence actuellement à reprendre et à produire plus en quantité et en qualité. Existe-t-il une démarche visant la modernisation du groupe afin qu'il atteigne sa vitesse de croisière ? Oui, bien sûr. D'abord, tout en entreprenant des actions de modernisation, il faut continuer à produire. Il n'y pas pire pour une entreprise que l'arrêt. La stratégie adoptée maintenant a trait au renouvellement des ressources humaines, car le personnel de Texmaco est ancien et nous assistons à des départs en retraite. Pour cela, on a procédé à des campagnes de recrutement et de formation, soit des stagiaires, dont beaucoup sont retenus. Parallèlement, il existe des opérations de modernisation quand il est possible. Les professionnels du secteur sont unanimes à dire que l'assainissement du marché de la consommation est une condition incontournable pour sortir le secteur de cette crise. Partagez-vous cet avis ? Absolument, cette condition est indispensable. D'abord, pour protéger le consommateur, car on a importé n'importe quoi sans la garantie des produits présentés. Donc, évidemment, tout le monde doit jouer le jeu, de l'administration au ministère du Commerce en passant par la Douane. Et permettre parallèlement une saine concurrence. Nous ne sommes pas contre la concurrence, mais les règles de jeu doivent être saines.