Comme dans la majorité des autres pays, les jeunes Algériens, du moins une bonne partie, sont devenus, en l'espace de quelques années seulement, des férus des nouvelles technologies en général, et de l'Internet en particulier. Si certains s'amusent à naviguer d'un site à un autre, en quête d'informations, de divertissements par exemple, d'autres, en revanche, y voient un moyen d'acquérir des «produits», payants à l'origine, qui sont proposés «gratuitement» sur certains sites dits communément «pirates». Il s'agit essentiellement de films, de musiques, de logiciels et éventuellement des clés d'activation de certains bouquets satellitaires. Tout y est. Certains en font même un fonds de commerce. Il n'y a qu'à voir le nombre de nouveaux films, dont certains ne sont même pas sortis «en DVD» –copiés dans une salle de cinéma à l'aide d'un caméscope– qui sont proposés à la vente au niveau des disquaires. «A chaque fois, je m'aperçois que certains de nos clients ont installé sur les micros des logiciels de téléchargement. Ils lancent l'opération et quittent le poste en attendant que leur film ou logiciel se télécharge. Sauf que, par précaution, j'ai installé un logiciel qui supprime tout dès que le micro est éteint. Maintenant, ils ont compris et ne font plus cela», nous a déclaré Karim, propriétaire d'un cybercafé situé dans une commune de l'est d'Alger. Et si celui-ci refuse de permettre ce genre de pratiques, ce n'est pas par «respect» à une quelconque règle, mais parce que, comme il l'a signalé, il y a un plus grand risque que les micros soient «infectés» de virus. En plus du fait d'avoir Internet à sa disposition, chez lui, 24 heures sur 24, Fayçal, un jeune de 24 ans environ, nous a indiqué qu'il a installé une ligne ADSL chez lui pour pouvoir télécharger tout ce qu'il veut en matière de cinéma. «S'il n'y avait pas Internet, je me demande comment je pourrais voir les nouveaux films qui sont produits», dira-t-il. Fayçal ajoute qu'il a l'habitude également de se rendre sur certains sites spécialisés dans la télévision par satellite afin de se procurer les derniers codes de mise à jour des bouquets satellitaires, comme Thor – trois satellites exploités par la Norvège pour toute la Scandinavie–, qui diffusent des matches de la Ligue européenne des champions ou de la Coupe du monde. Il faut rappeler que, pour le téléchargement des films, les jeunes utilisent généralement les plates-formes dites de «partage». La méthode utilisée est le «Pear to pear». C'est des sites proposant des liens vers d'autres personnes qui mettent leur «fichier» à la disposition d'autrui. Un procédé qui, jusqu'à un passé récent, a contourné les lois des Etats occidentaux puisqu'il n'y a pas d'opération de piratage. Rien n'interdit qu'une personne puisse offrir ce qu'il a acheté à d'autres. En tout cas, sans pour autant justifier l'acquisition de logiciels ou autres produits de manière illégale, plusieurs jeunes se demandent s'ils auraient la possibilité de se les offrir sans ces moyens de téléchargement. Ce sont des produits qui coûtent très cher… A. A.