Les états-Unis et l'Union africaine (UA) ont promis d'approfondir leurs échanges, jusque-là focalisés sur le commerce, aux questions politiques, notamment le paiement des rançons aux groupes terroristes, que les deux parties ont dénoncé vendredi dernier à Washington à l'issue d'une visite de trois jours d'une délégation de 17 personnes de l'UA, conduite par Jean Ping. Dans ce contexte, le commissaire à la paix et à la sécurité à l'Union africaine, Ramtane Lamamra, a indiqué que les questions liées à la piraterie maritime et au terrorisme international ont été largement abordées par les deux parties. «Je puis vous dire par exemple, qu'en ce qui concerne le terrorisme dans la région sahélo-saharienne, il a été procédé à des échanges de vues», a-t-il affirmé à la radio nationale, évoquant «une convergence» qui s'est dégagée par exemple, «sur la nécessité pour tous les Etats de s'abstenir de verser des rançons aux groupes terroristes auteurs des prises d'otages». Le commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra, a précisé que «la convergence est en ce sens que les deux parties, considèrent à juste titre d'ailleurs, qu'il s'agit-là d'une forme de terrorisme international et que l'engagement de principe dans la lutte contre le terrorisme devrait également se manifester à ce niveau en refusant de céder au chantage des groupes terroristes». Pour sa part, le président de la commission de l'UA, Jean Ping a estimé que «les Etats-Unis ont des relations bilatérales avec les 53 pays africains. Mais beaucoup de problèmes sont mondiaux et ne peuvent être résolus qu'à l'échelle mondiale». Il avance pour preuve que «si l'on veut parler de réchauffement climatique ou de commerce, aucun pays africain ne peut être entendu seul», ajoutant que, «sa voix serait trop faible. Quand nous parlons collectivement, nous représentons une puissance». Sur les questions «transnationales [...], la seule voix légitimement élue pour parler au nom du continent entier est la commission de l'Union africaine», a renchéri Michael Battle, l'ambassadeur américain auprès de l'UA, à l'issue d'une session de dialogue de trois jours à Washington. La rencontre, première du genre, est appelée à se répéter tous les ans, en alternance aux Etats-Unis et à Addis-Abeba, où se trouve le siège de l'UA, autour des sujets discutés, à l'instar des trafics de drogue, des personnes ainsi que le climat et la sécurité alimentaire. Les entretiens de Washington visent à «soutenir nos intérêts mutuels et à promouvoir nos valeurs communes à travers un nouveau partenariat stratégique», avaient affirmé un peu plus tôt les deux parties dans un communiqué commun. Les Etats-Unis ont salué ces derniers jours la défense «courageuse» de la démocratie en Afrique de la part de l'UA, soulignant l'attitude de l'organisation lors des coups d'Etat en Guinée, à Madagascar, en Mauritanie et au Niger. En retour l'UA a dit «accueillir favorablement la nouvelle approche américaine de dialogue avec le reste du monde et apprécie l'importante contribution des Etats-Unis aux efforts de développement de l'Afrique». La délégation de 17 personnes conduite par Jean Ping a multiplié les entretiens à Washington, rencontrant notamment le ministre de la Justice Eric Holder et Ron Kirk, le représentant américain au Commerce. Ce dialogue devrait se poursuivre à l'occasion d'une table ronde sur le «rôle des investissements internationaux pour le développement agricole et la sécurité alimentaire», organisée à Washington aujourd'hui et à laquelle doivent notamment participer les Etats-Unis, l'UA et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). A. R.