Photo: S. Zoheir Par Kamel Amghar Le débat sur la loi de finances complémentaire de 2009 refait encore une fois surface. Les mesures gouvernementales adoptées alors, reconduites du reste pour l'exercice 2010, ont suscité déjà beaucoup de réactions. Les nouvelles règles ainsi édictées concernant les conditions d'investissement et de transfert des capitaux ont, pour rappel, irrité beaucoup de partenaires étrangers, dont l'Union européenne et les Etats-Unis d'Amérique. En clair, les nouveaux textes limitent la participation étrangère dans les entreprises mixtes à 49% et imposent un partenaire local, avec au moins 30% d'actions, dans toute société d'importation de biens.Cette réforme, conciliable avec les conventions signées et les engagements pris antérieurement par le pays venait, en fait, en réponse à ceux qui veulent faire de l'Algérie un bazar à leurs marchandises en rapatriant annuellement des milliards de dollars de bénéfices nets. Elle traduit fondamentalement la volonté de l'Etat d'encourager la production sur place, la création d'emplois durables, le transfert de technologies et de savoir-faire, un vrai partenariat gagnant-gagnant.Ce développement stratégique avait franchement réjoui les producteurs nationaux. Les organisations patronales n'ont pas hésité à saluer en chœur ces orientations qui viennent raffermir la position de l'entreprise locale face à ses concurrents étrangers. Elles ont justement qualifié cette réforme de «sursaut patriotique tardif». Toutes les mesures incitatives concernant l'accès au crédit, l'attribution d'assiettes foncières, l'allégement fiscal et la simplification des procédures administratives doivent, selon le patronat, profiter à l'entreprise productive de biens et créatrice de valeur ajoutée. La LFC 2009 traduit précisément cette volonté qui consiste à redonner à la production in situ sa place fondamentale dans l'environnement économique en la libérant de toutes les contraintes qui freinent encore son dynamisme. Mais certains patrons qui ont applaudi des deux mains cette batterie de «mesures patriotiques», viennent curieusement de changer leur fusil d'épaule. Faisant un virage de 180°, ils prônent l'exact contraire de leurs réactions premières. La volte-face du Forum des chefs d'entreprise (FCE) sur cette question est, en effet, étonnante. Les récentes déclarations du Forum prennent clairement la forme d'un plaidoyer en faveur de cette culture agonisante de «l'import-import». L'organisation de Reda Hamiani dénonce sans ménagement ces verrous protecteurs de la production locale en plaidant pour la suppression de la licence d'importation en franchise sous prétexte que l'économie nationale en souffrirait. Ce n'est pas du tout l'avis des véritables producteurs qui sont toujours nombreux à préconiser la production et la protection de l'entreprise contre la concurrence déloyale d'importateurs véreux et de businessmen de circonstance. Contrairement aux prévisions faussement alarmistes du FCE, le recadrage de la loi sur l'investissement enthousiasme toujours les entrepreneurs réels. C'est-à-dire, ceux qui prennent des risques. Ils estiment, en effet, qu'il est hors de question de faire machine arrière pour revenir aux concessions faites à une autre époque au capital étranger. Les prévisions du FMI comme celles d'autres organismes spécialisés leur donnent raison. L'économie algérienne, pourvu qu'elle respecte l'itinéraire qu'elle s'est désormais fixée, est sur une courbe croissante. Offrir des bonus aux importateurs revient à condamner le tissu encore fragile des PME-PMI à une faillite quasi certaine. Pour tous les entrepreneurs, ce faux problème est complètement dépassé.Le vrai débat devrait focaliser sur des mesures complémentaires d'accompagnement pour permettre aux entreprises locales de conforter davantage leur position sur le marché.