Sidi Bel Abbès, wilaya à vocation agropastorale de l'ouest du pays, ressuscite un pan de sa culture populaire, les halqate qu'animaient des conteurs qui se faisaient entourer de passants et de badauds (d'où le nom de halqa, qui veut dire cercle, ronde) dans les souks hebdomadaires et sur les places publiques. La halqa pouvait aussi mettre en compétition des aèdes qui se livraient à des joutes oratoires. Pour redécouvrir cette expression culturelle purement populaire, Sidi Bel Abbès a organisé un forum maghrébin de la halqa populaire qui se tient depuis dimanche dernier et doit durer jusqu'au 30 avril prochain. Cette rencontre régionale qui a choisi pour slogan «le patrimoine populaire, une création continue», vise la revalorisation de la tradition de la halqa et ce, en rappelant ses années d'or. A l'occasion de cette manifestation, les habitants de la ville et ses visiteurs auront le loisir de se joindre à des halqate qui se tiennent sur les places publiques de la région. Différentes troupes invitées du forum animeront ces halqate à raison de six spectacles par jour. «Toutes les représentations se feront dans la rue et cela pour ne pas éloigner la halqa de son élément qui sont les places publiques», nous déclare l'organisateur du forum Driss Dergoua, que nous avons contacté par téléphone. Les participants sont venus des quatre coins du Maghreb, en l'occurrence de Libye, de Tunisie et du Maroc. Une dizaine de représentations seulement sont retenue en compétition officielle. Les troupes qui sont en lice sont la halqa de Mohamed Beloura d'Oran, la troupe des arts populaires de Sfax, Cheikh Brahim Ben Brik de Tiaret, Cheikh Mohamed Chaer d'Alger, la troupe de Mesrah El Kheima de Tunisie, Ahmed Zioual du Maroc et Abbes Lakren de Sidi Bel Abbès. Les joutes des troupes en compétition seront clôturées avec la remise des prix, l'Epi d'or, l'Epi d'argent et l'Epi de bronze. Le choix de l'épi comme symbole du forum n'est pas fortuit. Notre interlocuteur nous expliquera que ce choix est dicté par l'une des origines de la halqa dans cette région céréalière. «Jadis, après chaque moisson de blé, les paysans organisaient une halqa pour célébrer la récolte de ce bien naturel. C'est un clin d'œil à notre riche histoire et patrimoine. C'est pour cela que nous avons baptisé les prix en épi», dira M. Dergoua. En parallèle, des halakate se tiendront dans la section hors compétition dans les rues de la ville à l'image de la place du 1er Novembre, de la place Tahtaha et de la place de la Sakia El Hamra. Mercredi prochain, une journée d'étude sera consacrée aux «expériences théâtrales en Algérie et leur relation avec la halka et le patrimoine populaire» à l'université Djillali Biskri. En outre, des conférences se tiendront quotidiennement tout au long du forum à l'université autour du thème de la halqa avec des professionnels du domaine et des chercheurs. Pour ceux qui désirent s'initier à l'art de la halka, des ateliers de travail sont aussi programmés. Par ailleurs, une grande exposition sur le patrimoine populaire se tiendra durant le forum au hall de la maison de la culture Kateb Yacine de Sidi Bel Abbès. Elle regroupe plusieurs pièces artistiques du patrimoine matériel algérien et des peintures. W. S.